Lire
- Peau d’homme, d’Hubert et Zamzim
Bien qu’abordant des thématiques très actuelles, l’histoire de la bande dessinée Peau d’homme se déroule pendant la Renaissance. Bianca, une jeune femme mariée de force à Giovanni, un homme qui ne manifeste que peu d’intérêt pour elle, se voit confier une « peau d’homme », qui se transmet aux femmes de sa famille. Ce costume de l’autre sexe permet à ces dernières d’évoluer incognito et bien plus librement au sein de la société lorsqu’elles le revêtent. Lorenzo, l’alter ego masculin de Bianca, part ainsi à la rencontre de Giovanni pour apprendre à le connaître, et vit une histoire d’amour avec lui sous son identité secrète.
Grande lectrice de bandes dessinées, j’ai beaucoup apprécié la façon dont Peau d’homme engage une réflexion sur des sujets profonds, tels que la misogynie et l’homophobie, tout en restant très accessible, et souvent drôle.
– Alexia Boyer, étudiante au certificat en journalisme
- Le bal des folles, de Victoria Mas
Se déroulant à l’hôpital de la Salpêtrière, à Paris, à la fin du 19e siècle, le récit de Victoria Mas constitue un voyage troublant au sein de ce lieu historiquement connu pour son « bal des folles ». Cet événement mondain conviait la bonne société de l’époque à se mêler le temps d’une soirée aux femmes internées dans cet établissement.
Dans la mesure où je me suis déjà intéressée aux méthodes controversées du docteur Jean-Martin Charcot sur les femmes internées, j’étais plutôt curieuse de voir comment l’autrice allait aborder ce sujet. Même si je m’attendais à plus de détails historiques et à une position plus critique, ce roman m’a permis de saisir comment pouvaient penser ces femmes, qui n’étaient pas toutes des « aliénées », mais parfois internées seulement car elles ne se conformaient pas à la norme sociale. En tant que féministe, le livre m’a fait réfléchir sur la condition actuelle des femmes, ainsi que sur celle des personnes considérées comme différentes dans la société actuelle.
– Alizée Royer, illustratrice pour Quartier Libre
Écouter
- Ainsi soit chill, de Jérôme 50 (Radio-Canada OHdio)
Jérôme 50 présente un balado rafraîchissant sur la « socio-langue du chilleur », objet de sa maîtrise en linguistique. Le parler des jeunes, souvent rabroué par quelques esprits rigides des générations plus âgées ou une certaine publicité gouvernementale sur le faucon pèlerin, est ici décortiqué de long en large avec une sincère envie d’en saisir le génie créatif. De jour comme de nuit, dans les parcs, les centres-villes et les bars, le chanteur nous emmène à la rencontre de locuteur·rice·s du nouveau français d’ici. L’ultime épisode, où il est question de racisme, de misogynie et d’homophobie, ainsi que l’auto-critique honnête que Jérôme 50 fait de sa propre démarche de linguiste sont particulièrement appréciables. Un balado instructif, divertissant et hautement contemporain.
– Paul Fontaine, étudiant au certificat en journaliste
- Tiamat, Mon Amour, de Greg Beaudin
Les deux personnes qui ont occupé le poste de chef·fe de la section culture de Quartier Libre cette année, Lori Isbister et Philippe Morin-Aubut, m’ont fait découvrir beaucoup de nouvelles chansons francophones émergentes. Tous deux étaient en effet responsables de la sélection musicale de l’émission de radio hebdomadaire du journal et ont diffusé des chansons de Greg Beaudin (alias Snail Kid) tirées de son album Tiamat, Mon Amour sur les ondes de CISM cette saison. J’avais déjà une affinité pour plusieurs rappeurs du label Disques 7e ciel, mais cet album de celui qui est aussi membre des Dead Obies et de Brown Family serait peut-être passé inaperçu pour moi sans l’émission. Sur cet album, je trouve que les titres « Drinking » et « Big boy » ressortent particulièrement du lot.
– Patrick MacIntyre, étudiant au certificat en journalisme
- Poutine, le tsar soviétique (Radio-Canada OHdio)
Côté balado, l’application Radio-Canada OHdio est riche de contenus en tous genres. Initiative de Radio-Canada, elle propose un contenu informatif qui ressort immédiatement, à mes yeux. L’un des balados de cette application qui m’a particulièrement marqué est Poutine, le tsar soviétique, proposé par Philippe Collin et Violaine Ballet. Il est le fruit d’un travail de recherche vraisemblablement colossal; le résultat final est un portrait complet de Vladimir Poutine, qui aide à mieux comprendre ce personnage qui bouleverse grandement le futur de plusieurs populations à l’heure actuelle. Nul doute que plusieurs informations sont difficiles et l’écoute de ce podcast permet d’être bien informé, sans avoir l’impression d’avoir été submergé de faits.
– Patrick MacIntyre, étudiant au certificat en journalisme
- Orange flottant, Les Lunatiques
En raison de l’été qui arrive, voici l’album idéal. Aussi colorées que le titre, les chansons se succèdent, comme les influences rock, bien visibles. À l’écoute, quelque chose rappelle un peu les Beatles ici, ou bien Jacques Dutronc là, avant de surprendre par une touche résolument plus folk. À noter, de plus, la participation d’Arianne Roy, déjà bien installée sur l’alignement du groupe. Un vrai voyage dans ce que le rock a livré de mieux, et en français! Mais attention à ne pas se méprendre, les morceaux ne sont pas des pastiches, mais bien des pièces originales. Un album qui s’écoute comme un bon pastis savouré au soleil, et qui fait l’unanimité.
– Félix Ouellet, finissant au baccalauréat en histoire et étudiant au certificat en journalisme
- Travail (en cours) (Louie Media)
Le balado Travail (en cours) traite, comme son nom l’indique, de diverses thématiques reliées au monde du travail. J’ai adoré le format assez court des épisodes (environ 30 minutes), qui permet de les écouter facilement pendant son temps libre ou dans les transports. La variété des sujets est très stimulante, et plusieurs d’entre eux m’ont permis de mieux appréhender certains aspects du monde du travail. En tant que salariée, les épisodes tels que « Comment être en accord avec ses valeurs au travail » ou « Négociation salariale : pourquoi les femmes sont-elles désavantagées ? » m’ont beaucoup apporté. Ce balado est une très bonne ressource pour se poser les bonnes questions et entrer dans la vie active avec une meilleure connaissance de ses envies.
– Alizée Royer, illustratrice pour Quartier Libre
- Le nom de ma mère (Transistor Média)
Aux personnes à la recherche d’un balado court abordant l’évolution du droit des femmes au Québec à travers un angle singulier, je recommande d’écouter Le nom de ma mère, produit par l’entreprise gatinoise Transistor Média. Évalué à 4,7/5 sur Apple, ce balado documentaire aborde l’arrivée des noms de familles double au Québec depuis la réforme du droit de la famille en 1981, qui a donné aux femmes des droits égaux à ceux des hommes. La réalisatrice Marie-Hélène Frenette-Assad utilise la relation à son propre nom de famille pour aborder cette tendance, qui a connu une popularité passagère dans les années 1980 et 1990. Elle cherche aussi à comprendre comment les familles d’aujourd’hui réfléchissent à ce choix, et à quel point, parfois, la tradition revient rapidement au galop.
Après avoir écouté les cinq épisodes d’une vingtaine de minutes sur la plate-forme de son choix, je recommande ensuite d’aller sur le site Internet de Transistor Média pour y découvrir les autres productions de l’entreprise. S’y trouvent notamment les créations radiophoniques du festival Kino-radio, concoctées en 48 heures, dont le thème est imposé et différent chaque année. Quatorze ont vu le jour depuis 2020 et les trois éditions du festival, et je n’en parle pas seulement parce que j’ai eu la chance de participer à celle de 2022. En plus d’être un accès privilégié à des processus de création variés, peut-être que ces écoutes inspireront les adeptes de balados, qui pourront tenter leur chance à l’occasion des prochaines éditions de Kino-radio, encore méconnu, mais très bien organisé.
– Emmalie Ruet, étudiante au certificat en journalisme
Regarder
- Salade Grecque, sur Prime Vidéo
Salade Grecque, dont la première saison est offerte sur Prime Vidéo, est mon coup de cœur du moment. Suite de la trilogie composée de L’auberge espagnole, Les poupées russes et Casse-tête chinois, elle dépeint l’histoire de Mia et Tom, les enfants de Wendy et Xavier, les deux personnages principaux des films précédents. Tous deux viennent d’hériter de leur grand-père d’un immeuble situé à Athènes, ville dans laquelle Mia travaille pour une ONG qui aide les migrants. Tom la rejoint pour régler la succession et son destin prend un tout autre virage. C’est une série rafraîchissante, à l’image de la jeunesse européenne contemporaine, engagée, inclusive et diversifiée. Ayant eu la chance de voyager à Athènes pendant plusieurs semaines pour y rejoindre une amie qui y était en Erasmus il y a quelques années, j’ai eu l’impression de revivre ces moments par procuration. Une série à visionner en rafale sans hésiter, surtout en cas de préparation pour un échange international au cours de la prochaine session !
– Aurélia Crémoux, étudiante au certificat en journalisme
- Le manga et le film Nausicaä de la vallée du vent de Hayao Miyazaki
J’ai d’abord connu le film Nausicaä de la vallée du vent avant le manga. Son succès a permis la création du studio Ghibli, et ce film est pour moi l’un des meilleurs de Miyazaki : l’héroïne, dont j’aime beaucoup le côté bienveillant, souhaite ramener la paix entre la nature et l’être humain dans un climat de haine et de pouvoir. Après l’avoir vu une dizaine de fois, je suis tombée par hasard sur le manga, initialement écrit pour un magazine japonais, Animage. Je l’ai trouvé à Planète BD et j’ai commencé à le lire, et je me suis rendu compte que le film n’était que les prémisses des aventures de Nausicaä. Le manga est beaucoup plus complexe dans le développement des personnages et dans celui de l’histoire en général. Les dessins de Miyazaki sont époustouflants! Il m’est arrivé de rester plusieurs minutes sur une page afin de contempler le coup de crayon de ce maître mangaka. Un pur plaisir. La série des sept tomes est faite pour toute personne qui a aimé le film et aimerait un peu plus de Nausicaä dans sa vie ! Le film est également un incontournable pour celles et ceux qui aiment que les femmes ne soient pas des princesses Disney attendant qu’un prince charmant vienne les délivrer de leur sort, ainsi que pour les adeptes d’histoires post-apocalypse. Petit plus : la musique créée pour ce film par Joe Hisaishi est incroyable.
– Juliette Diallo, étudiante au certificat en communication appliquée
- Elles, sur TV5
Diffusée sur TV5, la série documentaire Elles met en vedette la rappeuse Sarahmée, qui va à la rencontre de collectifs de défense des droits des femmes dans plusieurs pays. La réalisation de la série est magnifique, et Sarahmée se révèle être une animatrice pertinente et attachante, n’hésitant pas à dévoiler sa vulnérabilité et à s’impliquer personnellement. L’une des belles forces de la série est sa faculté à faire connaître au public les enjeux vécus par les femmes dans diverses réalités, mais sans les dépeindre comme des victimes. La série permet aussi de ressentir les liens que la rappeuse tisse avec les personnes qu’elle rencontre, et donne également aux téléspectateur·rice·s l’occasion d’être touché·e·s par ces femmes souvent fort inspirantes.
– Catherine Pelchat, étudiante au certificat en journalisme
- Le Fossoyeur des films, sur YouTube
Le Fossoyeur des films désigne le personnage qu’endosse François Theurel, sociologue de formation et passionné de cinéma, ainsi que sa chaîne éponyme. Armé de sa pelle, il déterre des sujets et des films du cinéma de genre, un terme vaste aux contours flous, mais qui n’est pas sans regorger d’analyses et d’enseignements sur le septième art.
Le Fossoyeur est un artiste à part entière : le contenu de sa chaîne s’est grandement transformé au fil des ans. Les capsules informatives ont cédé leur place à une approche plus narrative, présentée dans un réel effort de scénarisation et de mise en scène. Le nom de la chaîne est d’ailleurs, depuis, quelque peu fautif : le personnage du Fossoyeur a en effet pris sa retraite. Le catalogue, toujours grandissant et diversifié, a cependant une constante : parler de cinéma et de ses codes, le tout dans la bonne humeur et le divertissement.
– Mohamed Aziz Mestiri, étudiant au certificat en journalisme
- Nexus VI, sur YouTube
L’émission porte sur la science-fiction (SF) sous toutes ses formes : films, séries, jeux vidéo, livres et bandes dessinées. Pour ce faire, l’équipe derrière les vidéos traite le sujet en menant un travail colossal au niveau de la présentation. Le nom du lieu principal du tournage à lui seul en témoigne : le Nexus VI est un vaisseau spatial grandeur nature, sous le commandement du « Capitaine » de la chaîne. Le décor est littéralement le navire-amiral de l’émission… Cette volonté de plonger l’internaute dans son propre monde n’est pas sans rappeler la vocation de la SF : bien qu’elle soit fictive, elle traite de questions humaines, philosophiques et existentielles bien réelles. Autant donc briser la frontière entre réalité et fiction, n’est-ce pas ? Le Nexus VI a de quoi ravir les adeptes du genre, par sa forme, mais surtout par son fond.
– Mohamed Aziz Mestiri, étudiant au certificat en journalisme
- Alex de Castro, sur YouTube
La chaîne de l’ancien journaliste de la chaîne de télévision RMC Sport Alex de Castro porte sur le monde du soccer. Le vidéaste s’y consacre maintenant pleinement pour commenter ce sport. Le catalogue combine plusieurs formats portés sur l’analyse. Quels joueurs un club en difficulté devrait-il recruter pour la prochaine saison ? Entre deux joueurs, lequel est le plus légendaire ? Quelle est l’histoire d’un club ou d’un joueur oublié ? Le Niçois a aussi une chaine secondaire, intitulée Alex de Castro [2.0]. Il y diffuse ses vidéos en direct, où il commente l’actualité du soccer de plusieurs pays. En cas de diffusion manquée, il conserve les moments forts qui résument ses prises de position sur des questions relatives au soccer. Les adeptes de réflexions autour du ballon rond trouveront leur compte auprès du vidéaste, qui sait argumenter ses prises de position,d’autant plus qu’elles vont souvent à l’encontre des opinions populaires. Et si le désaccord émerge, le raisonnement détaillé ne se laissera pas tacler si facilement, surtout si c’est pour dire que le FC Barcelone ne devrait pas réembaucher Lionel Messi.
– Mohamed Aziz Mestiri, étudiant au certificat en journalisme
Mohamed Aziz Mestiri explique pourquoi il a choisi de recommander des chaînes YouTube Mon cerveau ne peut s’empêcher de se tordre sur la question de ce qui fait que culture soit culture. Recommander des vidéastes du Web m’est pourtant apparu comme une évidence de prime abord. Je passe énormément de temps sur YouTube, car j’y trouve des productions alliant technique et créativité; des contenus qui divertissent, informent et interrogent. Ma sélection regroupe quelques-unes des chaînes que je considère comme des bastions de qualité dans le paysage culturel jeune et titubant d’Internet, un incontournable de la vie contemporaine, pour le meilleur et pour le pire. |