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Oriane Morriet, finaliste des Prix NUMIX 2021 dans la catégorie Relève étudiante - Création numérique pour son balado. - Photo : courtoisie.

Balado : à la croisée des nouvelles technologies

Quartier Libre (Q. L.) : Peux-tu nous parler de ton sujet de recherche?

Oriane Morriet (O. M.) : J’ai commencé mon doctorat en 2017 au Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques de l’Université de Montréal, avec comme sujet de thèse la conception des œuvres de réalité virtuelle. Je préfère d’ailleurs le terme de conception plutôt que celui de scénarisation, qui renvoie trop au cinéma. Ce qui est intéressant, c’est que les auteurs du cinéma viennent de divers horizons, comme la danse ou le théâtre, et importent dans les créations de réalité virtuelle des processus et des savoir-faire de leur art d’origine. Et c’est ce que j’ai étudié ces cinq dernières années, à travers de plus d’une centaine de documents de scénarisation que j’ai pu réunir et analyser dans le cadre de ma thèse. L’UdeM est d’ailleurs très réputée à l’international dans le domaine des nouveaux médias et du numérique

Q. L. : Comment as-tu fait pour concilier ton doctorat et tes autres activités?

O. M. : Je ne me suis jamais considérée comme n’étant qu’une étudiante. J’ai toujours fait plein d’autres choses en parallèle. En fait, je me conçois comme une personne cubiste, un peu comme un objet qu’on peut regarder sous différents angles. En France déjà, j’étais scénariste. J’ai aussi été dramaturge de pièces de théâtre, notamment d’une pièce appelée Connected, coécrite avec Maroussia Pourpoint, qui l’a mise en scène.

En arrivant au Québec, je me suis intéressée à la réalité virtuelle et j’ai été scénariste d’Under Water, une pièce de danse en réalité virtuelle, qui se déroule sous l’eau et développée en collaboration avec la chorégraphe Caroline Laurin-Beaucage et la réalisatrice Chélanie Beaudin-Quintin. J’adore collaborer dans mes différentes activités. D’ailleurs, il y a une phrase que j’aime beaucoup : «Ils ne savaient pas que c’était impossible, alors ils l’ont fait». C’est ce que je fais. Néanmoins, il faut aussi savoir dire non lorsque l’on sait que l’on ne pourra pas être capable de réaliser certains projets, et attendre le bon moment pour pouvoir les mener à bien.

Q. L. : Tes activités s’influent-elles mutuellement ?

O. M. : Oui, toutes mes activités sont venues nourrir mes études. La raison pour laquelle j’ai eu autant de documents de création de réalité virtuelle pour ma thèse, c’est parce que j’étais journaliste et que je rencontrais des artistes. Je leur disais que je faisais un doctorat et je leur demandais s’ils voulaient me confier leurs documents de création pour que je puisse les analyser. Tout est vraiment lié. D’ailleurs, l’un des conseils que je donnerais, c’est d’avoir un dénominateur commun à toutes les activités.

Q. L. : Peux-tu nous présenter brièvement ce qu’est Humaniteq, ton balado ?

O. M. : Humaniteq est un podcast de trente à quarante minutes, dont l’idée est de choisir une thématique et de l’aborder avec un chercheur, un artiste et un entrepreneur. Je vais les rencontrer un à un pour réunir trois points de vue autour d’un thème similaire. En fait, je reprends en quelque sorte cet aspect cubiste. Il y a un petit côté académique tout de même, avec de courtes présentations d’un sujet de recherche, de solutions technologiques et d’un projet artistique. C’est un podcast soutenu par les Fonds de recherche du Québec, l’Observatoire international sur les impacts sociétaux (OBVIA) et l’Institut de valorisation des données (IVADO).

Q. L. : Comment t’est venue l’idée du balado Humaniteq?

O. M. : Quand je suis arrivée ici, j’avais la volonté de découvrir le Québec, de tout savoir, et l’une des façons d’apprendre rapidement, c’est de faire du journalisme. Le fait d’être journaliste permet d’aller dans des évènements et de rencontrer des gens. Ça aide à comprendre comment le système fonctionne. Puis en mars 2020, la pandémie nous a tous frappés de plein fouet et tous les évènements que je couvrais se sont arrêtés. Là, je me suis dit qu’il fallait que je trouve une activité qui puisse allier mes trois personnalités et donc trouver un projet autour de la recherche, de l’art et du journalisme. C’est comme ça qu’est né Humaniteq.

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Q. L. : Qu’est-ce que tu peux nous dire sur la prochaine saison qui va bientôt paraître?

O. M. : C’est une nouvelle série autour de l’intelligence artificielle et de la diversité, qui se compose comme les autres, avec un chercheur, un entrepreneur et un artiste. Il va y avoir cinq épisodes au total, dont quatre déjà parus. Cette saison abordera les thématiques suivantes : femmes, diversité ethnoculturelle, cultures autochtones, neurodiversité et mieux vieillir.

Q. L. : Si je devais écouter un seul épisode d’Humaniteq, lequel serait-ce?

O. M. : Je dirais le premier épisode de la saison trois, qui s’appelle «IA et Femmes». Déjà, parce que je suis une femme dans les nouvelles technologies et que ça me touche directement. Et qu’en plus, dans cet épisode, je parle de Concertation Montréal, un organisme à but non lucratif qui a mis en place une initiative qui s’appelle «Les Filles & le code», pour sensibiliser les jeunes filles aux métiers des nouvelles technologies et rompre avec certains stéréotypes. Je parle aussi de QueerTech, qui cherche à rendre ce domaine accessible à la communauté queer afin qu’elle puisse se sentir à l’aise dans ce milieu. Il y a également une artiste qui a réalisé un film de danse dans lequel apparaît un organe non genre représentant une IA [intelligence artificielle]. Ce que j’aime dans cet épisode, c’est que je montre que les technologies n’ont pas de genre.

Q. L. : Quels conseils pourrais-tu donner aux étudiants et étudiantes qui auraient envie d’entreprendre d’autres projets en dehors de leurs études?

O. M. : Ce serait de ne pas attendre de savoir faire les choses pour les faire, car je pense qu’on apprend en faisant. On a tendance à beaucoup trop s’inhiber, parce qu’on pense qu’on ne sait pas faire et qu’on ne saura pas être à la hauteur de la qualité qu’on voudrait atteindre. Ce n’est pas vrai. Quand on apprend à marcher, on commence par tomber. Il ne faut pas attendre de savoir le faire, autrement, on n’y arrivera jamais

Pour accéder au balado Humaniteq, cliquez ici.

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