Entre traditions et nouveautés, chaque édition se réinvente. Cette année, la compétition interuniversitaire comptait sept équipes. Celle qui s’est démarquée et qui a eu plusieurs honneurs durant cette édition est celle de l’Université McGill, selon l’un des membres du comité organisateur des Jeux de la traduction, Simon Frappier. « L’équipe de McGill a vraiment frappé fort cette année, elle a souvent été sur le podium, et c’était aussi sa première victoire aux Jeux », résume-t-il. Ainsi, elle a terminé au 1er rang des Jeux, tandis que l’équipe de l’UdeM a eu droit à la 2e place. La 3e place a pour sa part été comblée par celle de l’Université de Sherbrooke.
La compétition est un événement interuniversitaire au cours duquel les équipes, composées d’étudiant·e·s de premier cycle en traduction, effectuent des épreuves de traduction individuelles et de groupe. Cette année, des activités telles que la traduction d’œuvre littéraire, de poésie urbaine et même la localisation de jeu vidéo ont notamment été programmées. Une quarantaine de participant·e·s étaient présent·e·s lors de l’édition 2022.
M. Frappier souligne également qu’un autre prix est traditionnellement remis, et que ce dernier est aussi important que l’aspect compétitif de l’événement : le prix Gerry-Boulet. « C’est un prix décerné par les anciens participants des Jeux, précise le membre organisateur. Ils regardent comment les équipes se comportent, de manière générale. Il s’agit de voir si elles jouent le jeu, si elles vont vers les autres équipes, aident les organisateurs au besoin, etc. C’est aussi pour voir si elles ont des bons cris de ralliement et des sketchs de présentation intéressants. C’est l’une des nombreuses traditions. C’est un prix important, car il incarne l’esprit des Jeux. » Pour l’édition 2022, c’est l’équipe de l’Université d’Ottawa qui a reçu ce prix.
Passer le flambeau
L’organisation de la compétition n’est pas propre à un comité fermé, mais plutôt à qui veut s’en charger. « Ça fait aussi partie de la beauté de la chose, poursuit M. Frappier. Le vendredi soir du début des Jeux, on ne sait jamais où la prochaine édition va avoir lieu. La plupart du temps, des gens se manifestent durant le week-end. » Voir que d’une année à l’autre, l’emplacement de la tenue des Jeux et le comité d’organisateurs diffèrent est ainsi habituel.
M. Frappier résume également un élément important : « Les traditions sont propres aux Jeux, pas à l’Université de Montréal, tranche-t-il. D’où l’importance d’avoir des anciens participants dans les parages. Ça aide beaucoup à organiser le tout, et ça prend une certaine touche pour garder l’identité des Jeux. »
L’année prochaine, la compétition se déroulera sur le campus de l’Université de Moncton, au Nouveau-Brunswick. L’établissement n’avait pas accueilli l’événement depuis 2013.
La visibilité de la traduction
Les Jeux de la traduction sont des journées où cette discipline est à l’honneur, mais seul·e·s les participant·e·s peuvent en tirer profit, car la tenue de l’événement se fait en vase clos et seuls les résultats sont communiqués au grand public. M. Frappier fait un parallèle avec ce phénomène : « Il y a l’idée répandue qu’une traduction, tu ne devrais pas la voir, dans le sens qu’une bonne traduction ne se fait pas sentir, explique-t-il. Et de manière générale, ça reflète beaucoup l’invisibilité de la profession dans la société. »
Quartier Libre a demandé à M. Frappier si les Jeux pouvaient être amenés à croître ou à avoir plus de visibilité, mais sa réponse est aussi prudente que nuancée. « Il y aurait sans doute des moyens de faire parler plus des Jeux, admet-il. Mettre l’accent sur le dévoilement de nos résultats, ou même diffuser des traductions coup de cœur. Or, beaucoup de personnes aiment l’esprit de petite communauté, de petit village, où tout le monde se connaît et est au courant des traditions. Il y a ainsi toujours le risque de “diluer la recette”, mais on ne veut pas avoir de perte par rapport à l’identité des Jeux. »
L’avenir des Jeux de la traduction
Pour la suite des choses, M. Frappier espère le meilleur pour cette compétition qui lui tient à cœur. Il soulève qu’avoir un volet international pourrait aussi être quelque chose d’intéressant, mais demanderait énormément d’organisation aux comités à venir.
Lorsque Quartier Libre a demandé au membre du comité organisateur quels conseils il souhaiterait léguer aux organisateur·trice·s à venir, ce dernier s’est prononcé sur deux aspects. « Il faut s’approprier les Jeux, estime-t-il. Ça passe très vite, et c’est vraiment le fun, il faut donc profiter du moment pour lequel on travaille fort pendant toute l’année. Les Jeux ont une très belle identité, mais ils ont peut-être un potentiel inexploité. Il y aurait peut-être moyen de s’engager encore plus dans le milieu langagier. »