Le lundi est d’habitude un jour de semaine peu festif. Le lundi 14 mars, cependant, le café-bar La Brunante, situé dans le pavillon Jean-Brillant, commence à se remplir d’étudiant·e·s, dont certain·e·s viennent de sortir de leurs cours, pour assister au match de la ligue d’improvisation de l’UdeM : la LUDIC (Ligue universitaire d’improvisation créative).
Après avoir été mises à l’arrêt pendant deux ans à cause de la pandémie, deux équipes de la ligue, les Whalers et les Golden Seals, s’affrontent devant un large public grâce à la levée de la restriction des capacités des bars et restaurants. Ce spectacle est seulement leur deuxième en deux ans. Les succès musicaux des années 2000 peinent à couvrir le brouhaha joyeux. On oublie presque les masques qui, bière oblige, sont souvent baissés sous le menton.
Se remettre en selle
Quand Quartier Libre a demandé à l’étudiante en première année à la maîtrise en physiothérapie et membre du conseil d’administration (CA) de la LUDIC Salomé L.-Pellegrino, ce qui était le plus compliqué en improvisation, elle a répondu franchement : l’organisation. « Remettre la ligue sur pied, organiser le camp de sélection et les spectacles, ce n’est pas de tout repos », précise celle qui joue également dans l’équipe des Whalers.
Alors que pour bénéficier du statut d’association étudiante, au moins la moitié des membres de la ligue doivent étudier à l’UdeM, la seconde moitié d’entre eux se composent de profils variés. Étudiant·e·s d’autres universités, travailleur·se·s, et même étudiant·e·s de l’École nationale de l’humour jouent ensemble. Le facteur commun est l’âge, selon Salomé L.-Pellegrino. « Tout le monde a à peu près le même âge, admettons entre 20 et 25 ans, mentionne-t-elle. Soit tu es à l’Université, soit tu viens de finir. »
Présent dans le public, l’étudiant en première année à la maîtrise en sociologie Samuel Émont-Robertson explique qu’il suivait déjà la LUDIC avant la COVID-19, car il y connaît des joueurs. « J’ai un cours de 16 à 19 heures le lundi, je finis mon cours, je vais directement là », se réjouit-il. En plus d’être une activité divertissante, l’expérience est, selon lui, également sociale. « Ça crée des liens avec les gens de rire aux mêmes choses », estime-t-il.
Terminé, l’impro en ligne
Selon l’étudiant en troisième année au baccalauréat en sociologie Samuel Bonneville, joueur chez les Maroons et membre du CA de la LUDIC, certaines ligues ont tenté de s’adapter en pleine pandémie, en passant aux improvisations sur la plateforme Zoom et d’autres logiciels vidéo, mais il n’a jamais adhéré à cette méthode. « Je comprends que certaines personnes aient le besoin de le faire et je trouve cela louable, mais je n’y ai pas participé, parce que ça ne m’interpelle pas du tout », explique-t-il. « Deux ans, c’est très long sans jouer, et je pense que je parle pour plusieurs quand je dis qu’il y avait une certaine nervosité quand on a recommencé les matchs, déclare pour sa part l’étudiant en première année au baccalauréat en études internationales Louis Marsolais, qui joue dans l’équipe des Whalers. En tout cas, je n’ai pas l’impression que j’ai le même niveau de jeu que j’avais il y a deux ans, mais cela dit, ça revient. »
À la fin du match, le public vote, à poing fermé ou à main ouverte, pour déterminer l’équipe gagnante. Ce soir-là, ce sont les Golden Seals. « Mais avoir un gagnant et un perdant, c’est vraiment pour le décorum », souligne Samuel Émont-Robertson.