Au coeur du quartier des spectacles, entre les bars de danseuses et l’UQAM, discret dans un écosystème de gros néons, le Théâtre Sainte-Catherine vibre dans l’intimité des habitués. Ici, Mark Loucho, avec ses «Sunday night improv », réunit l’énergie explosive d’un burlesque débridé et l’atmosphère d’une soirée entre amis.
Comme le fait remarquer Nick, improvisateur à ses heures et bénévole au théâtre, c’est un curieux destin que celui du théâtre Sainte-Catherine. Né comme orphelinat recueillant les enfants des prostitués du quartier dans les années 1920, il a failli finir comme une des nombreuses places à pizzas graisseuses du quartier avant qu’un incendie ne le sauve de l’ennui. Complètement évidé par le feu, ne gardant que les murs porteurs et le toit, le vieux bâtiment modeste en briques rouges irrégulières offre dès sa porte une perspective et un but percutant : la scène.
Rock n’roll punk rock theater
Sous une nouvelle direction depuis un an, le Théâtre Sainte-Catherine, s’il se cherche encore une stabilité, s’est déjà trouvé une forte identité. Se revendiquant de l’enseignement de Keith Johnston : un théâtre basé sur l’imagination et la spontanéité au service d’un fil narratif jamais perdu de vue, Mark Loucho insiste sur le concept de Rock n’roll punk rock theater. Le nouveau propriétaire des lieux et de la compagnie Le Nouveau International, définit ainsi cette marque de fabrique par l’explosion d’énergie que permet cette impro narrative et burlesque qui « saute de la scène pour aller chercher le public ». C’est en effet le public qui fait le spectacle lors de ces dimanches soirs. Le théâtre ouvre ainsi ses portes de 17 h à 19 h pour une séance dominicale de cours d’impro gratuite et ouverte à tous. Les participants les plus talentueux sont recrutés par le metteur en scène pour jouer le soir même, encadrés par ses soins, dès 20 h, lors d’une « Survivor impro » où il ne peut en rester qu’un !
Le reste de la programmation est à l’avenant. Pour en moyenne 10 $, la comédie burlesque, l’éclectisme et l’expérimentation sont mises à l’honneur, tant en français qu’en anglais. Le bilinguisme est ici pour Mark Loucho un point essentiel des spectacles et de leur compagnie, quitte à perdre une tranche du public, moins jeune.
Petite impro entre amis
Le public et les participants sont en effet tous relativement jeunes, se connaissent et s’interpellent lors de la soirée. C’est cette atmosphère qui a séduit Tara-Lee, étudiante à Concordia et bénévole à la buvette du théâtre. Attirée par le bouche à oreille, elle est resté en raison de l’ambiance bon enfant et le sentiment de chaleureuse communauté offert par les lieux. Jessy, traversant la rue depuis l’UQAM, est plus intéressé par la mise en scène et les idées apportées par le chef d’orchestre d’un soir. Le faible coût du spectacle, 5 $, est également un fort incitatif pour passer un bon dimanche soir après les éventuels excès de la veille.
Le Théâtre Sainte-Catherine :
264, Sainte-Catherine Est
theatrestecatherine.com