Au théâtre de La Chapelle flotte une odeur de bois coupé. C’est dans un décor digne du Projet Blair Witch que je m’aventure pour découvrir Concerto pour clavecin et chainsaw d’Éric Robidoux.
Ce spectacle, c’est un concert. Pas vraiment en fait. Un seul musicien, Martin Robidoux au clavecin, livre une composition style musique de chambre. Ambiance intimiste jurant avec l’oppressante forêt de crânes suspendus. Mais ses interventions sont minimes, succinctes, parfois absentes. Elle sert d’outil à l’acteur principal.
Ce spectacle, c’est du théâtre. Les éléments sont là pour que j’y crois. Un personnage, multiple, des accessoires, en masse, un texte, complexe. Pourtant il n’y a pas d’histoire, de succession de sketchs. Queue de l’ambiance. C’est un univers dépeint.
Ce spectacle pourrait être un ballet. Éric Robidoux peut se vanter de sa forme physique. Danseur, il se meut dans l’espace avec grâce et lenteur. Formé au bûto, danse japonaise, il se mut en esprit, parcourant la scène et transportant ses angoisses.
Je crois que ce spectacle, c’est de l’art. Choquant et provocateur, Éric Robidoux nous rentre dans le lard, son corps en épée, qu’il traîne et maltraite pour nous attaquer. Mais sa véritable arme reste l’empathie grâce à laquelle le spectateur, voyant le supplice, devient acteur et par l’horreur se trouve révélé.
Concerto pour clavecin et Chainsaw : jusqu’au 6 Novembre au théâtre Le Chapelle