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Si beaucoup de couples se sont séparés durant la pandémie et que la violence conjugale a connu une hausse au cours de l'année passée, cette étude démontre que la pandémie n'est pas à l'origine d'une crise conjugale. Crédit : Brooke Cagle via Unsplash.

Effets de la pandémie sur le couple : pas que du négatif

Crise sanitaire n’est pas forcément synonyme de crise conjugale. Certains couples en thérapie conjugale font preuve de résilience dans ce contexte de pandémie, selon une étude du laboratoire du couple de l’UdeM. Quartier Libre s’est entretenu avec la professeure au Département de psychologie de l’UdeM et directrice du laboratoire, Katherine Péloquin, pour analyser les données préliminaires recueillies auprès de 70 couples qui consultent en psychothérapie conjugale.

Quartier Libre (Q. L.) : En quoi consiste précisément votre étude ?

Katherine Péloquin (K. P.) : L’étude vise à évaluer l’efficacité de la thérapie conjugale. Depuis mars 2020, nous amassons des données sur les gens qui vivent des difficultés relationnelles importantes. Afin de tenir compte du contexte actuel dans notre analyse et dans notre compréhension de ces problématiques, nous avons ajouté des questions au sujet de la pandémie dans notre étude en cours. Nous demandions aux couples à quel point ils étaient affectés négativement par la pandémie dans leur relation et si l’ampleur de cet impact négatif était associée à leur niveau d’engagement ou à leur sexualité. Il faut toutefois être prudent avec les données qui concernent la crise sanitaire, celles-ci sont limitées, puisque ne nous n’avons pas réalisé une étude complète sur ce sujet.

Q. L. : Selon les données préliminaires de l’étude, les couples se disent-ils affectés par la crise sanitaire ?

K. P. : Dans notre échantillon, il y a une grande variabilité. Certaines personnes estiment qu’elles sont plus affectées que d’autres. Toutefois, il faut tenir compte du fait que les participants à l’étude éprouvaient déjà des problèmes relationnels importants avant la crise sanitaire. La pandémie vient s’ajouter au portrait des difficultés déjà présentes. En moyenne, l’échantillon en thérapie conjugale se dit affecté de façon modérée. Ce constat peut suggérer une forme de résilience, c’est-à-dire une capacité à rebondir face au stress lié à la pandémie et à s’adapter à ce contexte.

Q. L. : Qu’est-ce qui explique cette résilience chez certains couples ?

K. P. : Certains partenaires arrivent d’emblée avec une bonne capacité de communication, qu’ils ont développée à travers leurs expériences passées. Ils vont donc mieux gérer ensemble les différentes sources de stress liées à la pandémie, comme l’équilibre entre le télétravail et l’école à la maison ou le sentiment d’isolement. À l’inverse, certains partenaires qui ont des difficultés de communication à la base vont en avoir davantage lorsque leurs ressources sont sollicitées par le stress. Par l’entremise de la thérapie, nous pouvons travailler avec ces couples pour qu’ils expriment mieux leurs besoins et développent cette résilience. Ils peuvent ainsi se comprendre davantage et s’entraider.

Q. L. : L’infographie publiée au sujet de l’étude indique que certains indicateurs conjugaux ne sont pas affectés par la pandémie. Qu’est-ce que cela signifie ?

K. P. : Nous avons trouvé qu’il n’y avait pas de lien entre la perception des partenaires d’être affectés négativement par la pandémie et le niveau de satisfaction conjugale, de bien-être sexuel ou d’engagement. Nous pouvons donc déterminer que la crise sanitaire peut avoir des effets négatifs sur le plan individuel et causer un stress sur la relation, mais pas au point de remettre en question la satisfaction conjugale et sexuelle, ainsi que l’engagement des couples.

Q. L. : Qu’est-ce que l’ensemble des couples pourrait tirer de cette étude ?

K. P. : L’étude permet d’observer l’état actuel des couples plutôt que leurs stratégies pour faire face à la pandémie. Mais au-delà de mon étude, la recherche a documenté le fait que plus les partenaires se soutiennent et font équipe, moins ils sont affectés par le stress qu’ils vivent. Il est donc possible de vivre ensemble et que ce soit positif. Tous les éléments de stress amenés par la pandémie, comme l’incertitude financière ou la peur de tomber malade, ne sont pas nécessairement néfastes pour la relation. Chez certains couples, il est vrai que la crise sanitaire peut être la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Beaucoup de personnes se séparent et la violence conjugale a augmenté dernièrement. Mais l’important ici est de ne pas généraliser, la pandémie ne va pas automatiquement provoquer une crise conjugale.

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