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Des applications Web sont actuellement développées pour aider à briser l'isolement des personnes agées, améliorer leur santé physique et mentale et rester autonome et à leur domicile plus longtemps. Crédit : pasja1000 de Pixabay

Miser sur l’autonomie des personnes âgées

Le Québec compte 1,6 million d’aînés dans des établissements de soins de longue durée, ce qui fait de la province celle avec la plus grande proportion de personnes âgées en institution au Canada. Selon les experts, il serait préférable d’explorer d’autres avenues, en misant sur le mieux-être et l’accompagnement des personnes âgées afin qu’elles préservent leur autonomie.

Près de 18 % des 75 ans et plus du Québec vivent dans des établissements de soins de longue durée, contre 7 % dans le reste du Canada, selon la Société canadienne d’hypothèques et de logements.

Pourtant, selon la directrice du Réseau québécois de recherche sur le vieillissement, Pierrette Gaudreau, ce chiffre va à l’encontre de ce que souhaitent les personnes âgées du Québec. « Nos aînés, au Québec, c’est clair que ce qu’ils veulent, c’est vieillir à la maison », affirme la directrice.

Plutôt que de maintenir cette habitude d’institutionnalisation, le professeur émérite au Département de démographie de l’Université de Montréal Jacques Légaré estime que le Québec devrait se tourner davantage vers le maintien à domicile des personnes âgées. « Présentement, les mentalités amènent à institutionnaliser toute personne semi-autonome, qui ne peut plus se faire à manger », explique-t-il. 

Permettre aux aînés de rester chez eux favoriserait leur autonomie et augmenterait leur bien-être, tout en réduisant les dépenses des finances publiques. « La lutte contre l’âgisme [voir encadré] passe par une amélioration de la santé des personnes retraitées, ajoute M. Legaré. En leur donnant les moyens d’être autonomes, elles ne sont plus à charge de la société ».

Miser sur le mieux-être

Différentes avenues sont envisagées pour préserver l’autonomie des personnes du troisième âge, qui représenteront pour la première fois 25 % de la population en 2036.

« Si plus d’argent était investi dans les services, les personnes âgées pourraient se faire livrer un repas pour aînés à prix modique et recevoir la visite d’un accompagnateur spécialisé pour briser l’isolement », pense M. Légaré.

La notion de service exprimée par le professeur fait appel à une diversité de soutiens, comme l’accompagnement d’un intervenant social, l’aide-ménagère ou l’aide aux repas. Ces services, selon M. Légaré, sont moins valorisés que les soins médicaux, malgré leur importance pour le mieux-être et la santé globale de nos aînés. « Vivre longtemps et en santé, oui, mais avant tout bien vivre », résume-t-il.

Des applis à la rescousse

La technologie pourrait être garante d’un avenir meilleur pour les personnes âgées. Des applications Web sont actuellement développées pour aider à briser leur isolement, améliorer leur santé physique et mentale et rester autonome et à leur domicile plus longtemps.

En France, un projet en cours, basé sur le renforcement positif, montre beaucoup de potentiel. « Vous téléchargez l’application sur votre téléphone, et si vous faites un certain nombre de pas dans la semaine, par exemple, vous méritez un billet gratuit pour aller dans un musée, explique Mme Gaudreau. La limitation, c’est la littératie numérique, particulièrement chez les populations plus vulnérables ou chez les personnes avec peu de moyens. »

D’autres projets technologiques sont également à l’essai. À l’Institut universitaire de gériatrie de Montréal, la chercheuse Nathalie Bier s’intéresse à l’utilisation d’habitats intelligents. Les aînés peuvent désormais s’outiller d’objets connectés pour pallier leur perte d’autonomie. On peut notamment se doter d’un capteur de mouvements qui prévient les proches lors d’une chute, ou de prises électriques intelligentes pour le four.

Ces nouvelles avenues doivent être utilisées en parallèle aux soins et aux services à domicile, dont l’accès devra être élargi pour répondre à la demande, rappelle Mme Gaudreau. Et elles ne peuvent pas non plus remplacer le bon vieux coup de fil d’un proche. « Des fois, ça fait toute la différence dans la journée d’un aîné. »

 

Encadré : l’âgisme
L’âgisme est le fait d’avoir des préjugés ou de discriminer une personne ou un groupe de personnes en raison de leur âge. Le refus d’embaucher une personne en fonction de son âge avancé ou la croyance selon laquelle les personnes âgées sont inaptes sur le plan technologique relèvent de l’âgisme.

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