Culture

La doctorante en histoire de l'art, Marie-Odile Demay, anime les sessions du ciné-club OCQ des films sur l'art. Photo: Jacob Côté

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Depuis 2010, l’OCQ offre un espace d’échange entre les chercheurs et les artisans du cinéma lors de projections hebdomadaires, baptisées « Mardis OCQ ». Cet hiver, une nouvelle activité s’ajoute à sa programmation, celle du Ciné-club OCQ des films sur l’art.

L’initiative découle du désir personnel de la doctorante en histoire de l’art de l’UdeM Marie-Odile Demay de visionner des films sur l’art et d’en discuter avec d’autres personnes. Après avoir travaillé quinze ans comme productrice et distributrice internationale de films d’art, Mme Demay s’est lancée dans des recherches sur la place des films sur l’art dans les médias de masse.

Elle explique ressentir une distance des historiens de l’art face aux productions télévisées et cinématographiques qui mettent en avant leur domaine d’expertise. « Ça passe à la télé, mais j’ai l’impression que les historiens de l’art se disent : « C’est de la vulgarisation, ce n’est pas les vraies affaires. » », déplore-t-elle.

La doctorante croit au contraire que les documentaires sur l’art diffusés à la télévision peuvent transmettre une foule de renseignements à des personnes qui n’ont pas la chance de découvrir certaines œuvres ou qui n’ont pas accès aux informations à leur sujet d’une autre manière. « Là, ça leur est rendu chez eux, dans la télé, avec leur pop-corn, souligne-t-elle. Ce n’est pas fantastique, ça ? »

Un lien entre deux disciplines

De son côté, le directeur adjoint de l’OCQ, Joël Lehmann, explique que la volonté de présenter des activités qui peuvent attirer les étudiants, les professeurs et les chercheurs en histoire de l’art était déjà présente depuis un an chez les organisateurs de l’observatoire. Leurs activités relèvent généralement davantage du volet cinéma du Département d’histoire de l’art et d’études cinématographiques.

« Aux Mardis OCQ, Mme Demay a été la première à répondre à cet appel », précise-t-il. La doctorante a animé une soirée cet automne, où était invitée la cinéaste Jennifer Alleyn, venue y parler d’un film sur son père, le peintre Edmund Alleyn.

Mme Demay explique qu’après cet événement et quelques discussions avec la directrice du Département, Suzanne Paquet, et le directeur de l’OCQ, Daniel Gaudreault, l’observatoire a accepté de lancer son projet de ciné-club. « C’est devenu le trait d’union entre deux secteurs qui n’étaient plus vraiment en relation, développe-t-elle. Là, il devient possible de faire parler les chercheurs des deux côtés. »

Selon l’étudiante, l’idée du ciné-club dépasse la simple projection cinématographique. « L’idée est de discuter », insiste-t-elle. L’échange entre les étudiants et les professeurs des deux disciplines est un élément essentiel des séances.

Mme Demay ajoute que le partage entre les deux disciplines fait d’ailleurs la force du contenu des films sur l’art. « Il y a aussi la vision des réalisateurs dont on doit parler, explique-t-elle. À mon avis, un bon film sur l’art est la rencontre d’un réalisateur et du regard de l’artiste. Il y a là quelque chose qui sublime l’œuvre d’art, qui l’amène plus loin. »

Immersion dans l’histoire de l’art et du cinéma

La séance du 19 février, la deuxième de la session, a présenté des extraits de deux séries documentaires, Les aventuriers de l’art moderne et Les petits secrets des grands tableaux, produites par la chaîne culturelle franco-allemande ARTE. Les discussions ont porté sur le thème de l’immersion dans l’œuvre d’art, un élément qui sera régulièrement abordé au cours de la programmation de la session, selon Mme Demay.

« Le film sur l’art, c’est ça : être le plus près possible de l’œuvre d’art qu’on regarde, avec les techniques qu’on a, décrit la programmatrice et animatrice. Il y a longtemps, on entrait avec une caméra dans l’atelier de Picasso, par exemple. Aujourd’hui, on le fait avec la modélisation 3D. » Les séances du ciné-club seront pour elle l’occasion de présenter diverses productions portées par divers supports techniques. « C’est du 16 mm, ça va être du DVD, ça peut aussi être des expériences à 360 degrés, de la réalité virtuelle, » détaille-t-elle.

Le Ciné-club OCQ des films sur l’art se tient au Studio C-1070, au pavillon Lionel-Groulx de l’UdeM. « C’est un lieu très intimiste, souligne M. Lehmann. Quand on utilise l’appareillage de projection de la pellicule en 16 mm, l’appareil fait partie de l’environnement. Il y a donc quelque chose de très organique dans l’approche et qui fait que les gens sont plus en lien direct avec le médium. »

Les prochaines séances auront lieu les mercredis 11 mars et 1er avril.

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