L’aide-metteur en scène de la troupe des CoMUM, Clément Hossaert, explique que la pièce utilise un langage cru et aborde, malgré son ton comique, des sujets sensibles. Soit la violence en milieu scolaire, l’homophobie, le suicide, les violences sexuelles, la grossophobie, les troubles alimentaires et les tueries de masse.
Pour pouvoir traiter de ces sujets, la troupe a effectué un travail de fond avec le metteur en scène, Maxim David. « On a fait une table ronde sur les questions de la grossophobie et du féminisme, pour qu’on ne débarque pas avec des thèmes dont on a seulement une compréhension de surface », développe M. Hossaert.
Si la scénographie est bien ancrée dans les années 1980, l’aide-metteur en scène considère le propos de la pièce toujours d’actualité, puisque le film traitait de thèmes avant-gardistes pour son époque. Il explique aussi que si les personnages agissent parfois de manière répréhensible dans la pièce, la production n’a pas cherché à cautionner ces actes. « Ce n’est pas parce qu’on représente une situation systémique problématique que nous sommes d’accord avec elle, précise M. Hossaert. On essaie toujours d’apporter une mise en scène critique et de faire réfléchir le public. »
Une pièce méconnue au Québec
La troupe des CoMUM a misé sur cette pièce, qui a donné le ton à plusieurs longs-métrages comme Mean Girls (Méchantes ados au Québec). Le projet se voulait initialement un pastiche des films d’adolescents des années 1980. Il a ensuite été transformé en comédie musicale en 2014 par Laurence O’Keefe et Kevin Murphy.
« Dans les salles de comédies musicales américaines, Heathers est un produit culte, explique M. Hossaert. C’est une pièce bizarre. Ce n’est pas une comédie musicale conventionnelle. » La chorégraphe du spectacle, Zita Bombardier, abonde dans le même sens. « C’est très irrévérencieux ! précise-t-elle. On est loin de Glee, on n’a pas peur d’aller dans des sujets plus osés. »
La troupe a d’ailleurs pu compter sur une traduction originale permettant de mieux adapter la pièce aux réalités québécoises. L’aide-metteur en scène croit toutefois que celle-ci est encore méconnue du public de la Belle Province. Il considère que cette production pourrait plaire à des spectateurs qui n’aiment pas nécessairement le côté léger qu’on accole souvent aux comédies musicales.
Entre drame et comédie
M. Hossaert admet que l’équilibre n’est pas facile à trouver dans cette pièce, qui oscille constamment entre drame et comédie. « On ne veut pas noyer le spectateur dans le désespoir, souligne-t-il. Ce n’est vraiment pas notre but. »
L’action a lieu dans une école secondaire américaine. L’héroïne, Veronica Sawyer, tente de finir son parcours scolaire sans attirer l’attention sur elle. Elle relate dans son journal intime les aléas de ce microcosme, mais tout change lorsqu’elle se fait repérer par les Heathers, le trio populaire de l’école. En parallèle, elle tombe amoureuse du nouvel étudiant JD, qui la poussera à commettre des actes illicites.
« À un moment de la pièce, il y a des événements qui se déroulent et qui ne devraient pas avoir lieu dans une comédie adolescente, ajoute M. Hossaert, sans vouloir trop en révéler. C’est un vrai revirement satyrique. »