Campus

Photo : Jacob Côté.

l’énergie du MIL

Quartier Libre (Q.L.) : L’une des caractéristiques de ce campus est son revêtement constitué en grande partie de verre. Comment ont été pensées ces vitres, sur le plan de l’isolation et des pertes thermiques ?

Claude Giguère (C.G.) : Par rapport à la quantité de verre utilisée, on est dans les mêmes proportions que les autres bâtiments de la région. Le guide ASHRAE 90.1 [NDLR : qui fournit des recommandations techniques pour réaliser un bâtiment à faible consommation d’énergie1] donne comme paramètres que la proportion de vitres ne doit pas dépasser les 40 % de la superficie totale de l’enveloppe d’un bâtiment. Nous avons utilisé du verre double avec du film à basse émissivité pour réduire les gains de chaleur du bâtiment en été et pallier les pertes de chaleur en hiver. Ce type de verre est très performant et économiquement rentable. Son coefficient d’ombrage, c’est-à-dire l’énergie solaire qui pénètre à l’intérieur du bâtiment, est de 41 %, ce qui est un bon score, plus faible qu’avec des verres clairs. Afin de réduire le coût énergétique du bâtiment, on a voulu avoir les composantes les plus performantes et les moins onéreuses économiquement. Ce qui est donc le cas du verre double, qui possède un bon coefficient d’ombrage.

Photo : Jacob Côté.
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Q.L. : L’orientation de ces vitres est-elle un atout pour améliorer l’efficacité énergétique ?

C.G. : On remarque que le campus est majoritairement vitré au sud-est, ce qui favorise l’entrée du soleil, notamment en hiver, lorsque ce dernier est plus près de l’horizon. L’orientation des vitres va alors contribuer au chauffage du bâtiment. En été, quand le soleil est plus haut, il y a moins d’énergie solaire qui entre dans le bâtiment. Si l’intérieur du bâtiment est surchauffé, les systèmes de climatisation vont prendre le relais, et l’énergie dégagée sera réinvestie grâce à des pompes à chaleur.

Photo : Jacob Côté.
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Q.L. : Est-ce que les conditions climatiques propres au Québec ont été prises en compte lors de la conception du projet ?

C.G. : Il faut toujours prendre en compte la région dans laquelle le bâtiment est conçu : les enjeux sont différents selon celle-ci. Au Québec, la question de la perte d’énergie concerne plus le chauffage que la climatisation. Dans un deuxième temps, il faut aussi considérer le contexte économique : le coût de l’électricité est abordable au Québec, et c’est un atout, puisque cela réduit les coûts de construction et d’utilisation des infrastructures.

Photo : Jacob Côté.
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Q.L. : Est-ce que l’urgence climatique a changé votre façon de concevoir le bâtiment ?

C.G. : L’urgence climatique joue un rôle dans la conception des projets architecturaux actuels. Il est certain qu’on travaille avec de nouvelles conditions climatiques, et notamment des températures plus chaudes de quelques degrés. Cela impacte, entre autres, la ventilation. Ces sujets-là sont de plus en plus discutés présentement. Personne ne détient la solution miracle, mais on y travaille.

Photo : Jacob Côté.
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Q.L. : Le campus des sciences vise la certification LEED. Qu’est-ce que cela représente ?

C.G. : Pour expliquer la certification LEED (voir encadré), on peut dire que c’est un système de pointage. Il y a de grandes catégories qui sont vérifiées concernant l’environnement, le contrôle des eaux, les matériaux ou encore les ressources utilisées pour favoriser la durabilité du bâtiment. La consommation d’énergie est un élément qui fait partie de la durabilité. C’est l’un des critères de la certification LEED. Réduire la consommation d’énergie permet d’avoir un bâtiment plus écologique. Dans un premier temps, l’Université a souhaité atteindre le niveau argent de la certification. En travaillant le projet, et à la vue des économies d’énergie réalisées, on prévoit d’atteindre le niveau or. Pour un bâtiment de ce type, il est très complexe d’atteindre le niveau supérieur de la certification LEED à cause des quantités d’air extérieur qu’il faut apporter dans les laboratoires pour compenser l’air évacué, afin d’assurer la sécurité du bâtiment. De fait, les objectifs qu’on a atteints sont très bons. La densité énergétique annuelle anticipée est de 2 GJ/m2 pour une consommation annuelle de 124 500 GJ, alors que le bâtiment de référence LEED2 a une consommation annuelle de 263 000 GJ, représentant une réduction de 52,7 % de la consommation d’énergie par rapport au bâtiment de référence.

1. Site officiel de ASHRAE.

2. Un bâtiment de référence est utilisé pour estimer les répercussions environnementales dans treize catégories associées à un bâtiment typique qui veut obtenir une certification LEED (site officiel de la certification LEED). 

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