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Les promesses libérales aux étudiants

Le jour de l’élection fédérale, la FAÉCUM a publié un tableau récapitulatif avec les réponses des partis aux huit revendications étudiantes. Le Parti libéral du Canada (PLC) en laisse ainsi quatre sans réponses, trois pour lesquelles il ne s’engage que partiellement et une qu’il refuse. « C’est sûr que d’autres partis ont démontré un engagement beaucoup plus clair par rapport à nos revendications, déclare la secrétaire générale de la FAÉCUM, Sandrine Desforges. Sans engagement, pour nous, c’est une difficulté supplémentaire, car on repart dans des démarches et on continue à insister autour d’enjeux sur lesquels les partis ne se sont pas prononcés. »

La secrétaire générale reste tout de même optimiste et rappelle qu’après avoir rencontré des candidats du Parti libéral, elle a senti une ouverture pour certains enjeux.

L’accessibilité aux études et la représentation étudiante

Il est indiqué sur le site Internet du PLC que le parti souhaite aider les étudiants, en proposant des bourses d’études plus généreuses et des prêts étudiants plus abordables. Ces mesures ne s’appliquent toutefois pas au Québec, qui dispose de son propre programme de prêts et de bourses du Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

« Le parti au pouvoir a énoncé très clairement que s’il y avait une bonification du programme canadien de prêts ou de bourses aux études, le Québec pourrait aller chercher sa part, révèle Sandrine. Et lors du transfert de la part du Québec, il y aurait une volonté pour que le gouvernement attribue cet argent-là dans le sens des priorités avancées par le Parti libéral, qui incluent la réduction de la dette étudiante. »

Pour le professeur à la retraite du Département de science politique de l’Université Laval, François Petry, cette mesure semble envisageable. « Les anciens gouvernements québécois ont déjà accepté ce genre de transaction, rappelle-t-il. Même les gouvernements péquistes ne rechignaient pas sur les deniers canadiens, dans la mesure où il y avait un accord entre le gouvernement québécois et le gouvernement fédéral. »

La représentation étudiante auprès des organismes subventionnaires fédéraux (OSF) et les investissements dans la recherche

Pour la représentation étudiante auprès des instances dirigeantes, la FAÉCUM a obtenu une réponse partielle du PLC, qui s’engage à revoir la composition des conseils d’administration des OSF. « Même s’il n’y a pas eu d’engagement noir sur blanc, ça me semble être une demande avec une forte possibilité de concrétisation », détaille Sandrine.

Concernant l’investissement dans la recherche, elle s’avoue moins confiante. « On est dans l’inconnu, car les libéraux ont déjà grandement réinvesti dans la recherche, s’inquiète-t-elle. Le dernier budget est venu redresser la moitié des coupes qui ont été effectuées en recherche dans les bourses étudiantes. »

Elle précise qu’à l’heure actuelle, les investissements ont atteint la moitié de leur seuil de 2011. « C’est un peu triste de dire que l’ambition est de revenir là où on en était il y a huit ans », déplore-t-elle.

François Petry souligne que le tableau récapitulatif de la FAÉCUM indique que ces deux enjeux ont la faveur du Nouveau Parti démocratique (NPD) et du Parti vert du Canada. « Il est donc possible que le NPD pousse le gouvernement Trudeau à réaliser ces deux engagements, en échange d’une faveur qu’il leur aura accordée lors d’un quiproquo », déclare-t-il.

Environnement

Le premier ministre Justin Trudeau s’est engagé pendant la campagne à ce que le Canada atteigne la cible de zéro émission nette de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2050.

La secrétaire générale de la FAÉCUM rappelle que l’Union étudiante du Québec (UEQ) a porté une revendication pour que le gouvernement fédéral mette sur pied un Bureau de la transition environnementale relevant du Ministère de l’Environnement, avec pour objectif l’atteinte des cibles fixées par l’Accord de Paris. « Pour cette demande, le gouvernement s’est engagé auprès de l’UEQ, souligne Sandrine. Je pense que les jeunes ont démontré assez clairement qu’il s’agit de leur priorité principale. »

En matière d’environnement, François Petry revient sur la politique du gouvernement Trudeau, qui étonne l’opinion canadienne. « On se dit : “Comment mettre tout dans l’exportation du pétrole de schiste, et d’un autre côté, être un fer-de-lance en matière de lutte contre les GES ?” », souligne-t-il. Il indique que le gouvernement libéral a déjà donné l’exemple de la Norvège, un pays exportateur de pétrole qui continue à investir dans ce domaine, tout en faisant un effort important dans la lutte contre les GES et la mise en place d’énergies renouvelables. « Au Canada, on est encore loin de ça, mais c’est un but qui est visé, précise-t-il. Le gouvernement Trudeau a fait le pari en 2015 d’aider l’industrie pétrolière à exporter, en particulier en dehors des États-Unis, mais en même temps à investir les profits réalisés dans la lutte contre les GES. »

La suite

Sandrine indique que la prochaine étape importante se déroulera le 20 novembre, lors de l’assermentation du cabinet. « On connaitra les personnes qui vont devenir les acteurs de nos dossiers, indique-t-elle. Si certains ministères demeurent les mêmes, dans ce cas, on a les contacts déjà établis qu’on pourra utiliser à nouveau, mais si ce sont de nouvelles personnes, il faudra reconstruire la relation. »

François Petry explique que la plupart des promesses sont réalisées ou amorcées dans la première année suivant l’élection (voir encadré). « Un gouvernement minoritaire n’est pas forcément un obstacle, avance-t-il. Le PLC peut négocier avec le NPD ou les Verts pour arriver à ses fins. »

Il soutient que le gouvernement Pearson (1963 à 1968) est réputé pour avoir pris de grandes initiatives malgré sa position minoritaire, ou que le deuxième gouvernement Trudeau (1972), également minoritaire, a pu continuer son action et mettre en place des programmes transformateurs.  

Ce que dit le Polimètre

Le Polimètre, un outil développé par le Centre d’analyse des politiques publiques de l’Université Laval, a suivi la réalisation des promesses électorales du premier mandat du gouvernement Trudeau, de 2015 à 2019:

  • Promesses réalisées: 237 – (67,1%)
  • Promesses en voie de réalisation ou partiellement réalisées: 91 – (25,8%)
  • Promesses en suspens: 0 – (0%)
  • Promesses rompues: 25 – (7,1%)

Selon M.Petry, le « score » de ce gouvernement a été inhabituellement élevé. « Le premier gouvernement de Justin Trudeau avait mis sur pied, au sein du Conseil privé, une unité chargée de suivre en détail la tenue des promesses (Mandate Tracker), développe-t-il. Il est probable que cette unité poursuivra son activité pendant le deuxième gouvernement et continuera d’inciter le celui-ci à tenir parole. »

 

 

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