Volume 27

Noémie Lefebvre, lors de la grande finale du concours d’éloquence de l’UdeM « Délie ta langue! » le 20 mars dernier.

Allier la parole aux gestes

L’une des quatre lauréates du concours d’éloquence de l’UdeM « Délie ta langue ! » de l’année passée, Noémie Lefebvre, définit la communication non verbale comme une question d’authenticité. « Si tu utilises seulement des mots pour transmettre un message, sans gestuelle ou expressions faciales, on dirait que c’est juste un texte sans vie », précise-t-elle. Sortie grandie de ce concours, elle se réjouit d’y avoir participé. « Il m’a permis d’entamer une réflexion sur ma façon de parler », ajoute-t-elle. En troisième année du baccalauréat en enseignement du français langue seconde, elle affirme que les leçons qu’elle tire de ce concours lui permettront de peaufiner sa méthode d’apprentissage du français.

Le codirecteur du Centre d’études en sciences de la communication non verbale du Centre de recherche de l’Institut universitaire en santé mentale, Vincent Denault, explique que la communication non verbale inclut les expressions faciales, la gestuelle, mais aussi la ponctualité d’un orateur, sa façon de se vêtir, de se tenir plus ou moins à distance de son auditoire. « C’est la communication effectuée par tous les moyens à l’exception des mots », définit-il. Pour être crédible et écouté, un orateur doit réfléchir à l’image qu’il projette à son auditoire. Une part de la communication non verbale est inconsciente, explique-t-il, mais une autre peut être pensée et travaillée.

Une question de crédibilité…

Prononcer un discours face à un auditoire et être crédible n’est pas chose aisée et cela demande de réfléchir aux mots et à la manière de les dire, insiste Noémie. « Je savais quelle émotion je voulais faire ressentir à tel ou tel moment du discours, se confie la lauréate. Quand on est capable d’interpréter le message qu’on souhaite transmettre, ça renforce encore plus l’image qu’on veut exprimer. » Elle ajoute que cela permet une meilleure compréhension, par le public, du message que l’on désire véhiculer.

M. Denault clarifie cette idée et explique que la communication non verbale permet d’asseoir la crédibilité des propos d’une personne. Il faut donner l’impression à son auditoire que les propos exprimés sont véridiques. « Si un locuteur hésite ou a des moments de silence, on peut remettre en question sa crédibilité, développe le codirecteur. Une personne qui hésite, on pourrait avoir l’impression qu’elle n’est pas honnête, parce qu’on a un a priori qui veut que la spontanéité soit synonyme de véracité. »

Dans chaque interaction sociale, il est nécessaire de justifier le fait qu’on nous écoute attentivement. « La forme joue sur l’appréciation du fond », conclut-il.

… et d’adaptation

Penser un discours, c’est penser aux mots, à la façon de les prononcer, mais aussi au public auquel on s’adresse. « Si on veut faire ressentir des émotions à un public, mais qu’il n’adhère pas à notre façon de présenter nos propos, l’objectif ne sera pas atteint complètement », déclare Noémie.

M. Denault poursuit cette idée et met en lumière la nécessaire faculté d’adaptation d’un bon orateur. « La communication non verbale, c’est une question de contexte. », observe-t-il. Il précise qu’aucun élément de communication non verbale ne saurait être interprété de la même manière en tout lieu, en tout temps, et en toute situation de communication. « Pour être persuasif avec ton enfant, tu ne vas pas lui parler de la même façon qu’avec ton employeur, ton employé ou un juge, car le contexte est différent, illustre-t-il. Il m’apparaît un peu hasardeux de chercher des principes universels adéquats en toute situation. »

La communication non verbale est une composante essentielle de la prise de parole ; sans elle, les propos d’un orateur perdent de leur sens, indique M. Denault. Sans que la forme l’emporte sur le fond, il est important d’apprendre aux gens à utiliser toutes les formes de communication possibles pour que leurs propos soient compris au mieux.

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