Volume 27

En trois ans, la fréquentation de la banque alimentaire de l'UdeM a triplé.

L’alimentation s’invite à la table des débats

Lancée au début du mois d’août, la campagne « Je mange, donc je vote » a pour but d’interpeller les partis politiques sur l’importance d’une alimentation saine et durable pour tous. « L’objectif principal général, c’est vraiment de rassembler les citoyens et les citoyennes avec les candidats et candidates de leur circonscription pour parler ensemble, autour d’une table, d’enjeux alimentaires qui les touchent », explique l’organisatrice de la campagne du RAD, Danie Martin. La campagne espère ainsi sensibiliser les candidats, qui seront peut-être les prochains élus, aux enjeux alimentaires qui touchent la population.

Partout au Canada, les citoyens peuvent participer ou organiser un évènement non partisan « Je mange, donc je vote », auquel sont conviés les candidats. « Les étudiants sont vraiment un groupe qu’on essaie d’aller chercher, parce que c’est très peu connu que les étudiants à l’université vivent de l’insécurité alimentaire », reconnaît Mme Martin. À ce jour, il n’y a pas d’évènements en lien avec la campagne prévus au sein de l’UdeM.

L’insécurité alimentaire chez les étudiants

Une étude réalisée en 2016 par l’organisme Meal Exchange indique que l’insécurité alimentaire sévit au sein de la communauté étudiante. Selon le rapport, ce sont deux étudiants sur cinq qui ont peur de ne pas pouvoir manger à leur faim.

Une autre étude menée en 2018 par la professeure au Département de nutrition de l’UdeM Marie Marquis relève que plus de 10 % des étudiants de l’UdeM souffrent d’insécurité alimentaire.

« Tous les étudiants ne sont pas dans un état de détresse à l’égard de leur capacité à se nourrir, tempère-t-elle. Mais c’est particulièrement inquiétant de voir l’achalandage en ce moment à la Banque alimentaire, surtout quand on sait que des vérifications sont faites avant d’y être admis. »

Selon elle, le manque de ressources financières est un facteur à l’origine de l’insécurité alimentaire, mais il n’est pas le seul. Les étudiants démontrent en effet un manque de connaissances pour faire des choix qui sont durables et sains, ainsi qu’un manque de compétences culinaires de base.

Le coprésident de la Banque alimentaire de l’UdeM, Alexandre Estebe, déclare qu’il est compliqué pour un étudiant à moyen ou faible revenu de consommer de manière durable, économique et écologique. « Les produits écologiques et bios sont beaucoup plus chers, et si on veut par exemple acheter végane ou végétarien, ça le devient encore plus », ajoute-t-il.

Mme Marquis ne partage pas exactement cet avis. « Avec un minimum de ressources, on est capable de faire des choix intéressants, argumente-t-elle. On est capable d’avoir une alimentation qui est durable, écoresponsable, et savoureuse. »

Quelles solutions ?

Le comité des jeunes du RAD invite le gouvernement fédéral à réinvestir dans l’aide pour les jeunes, en augmentant le financement de l’enseignement postsecondaire ou en subventionnant des aliments sains pour cette population dans la politique alimentaire fédérale.

M. Estebe pointe, quant à lui, le gaspillage alimentaire. « S’il y avait des lois pour récupérer les denrées qui ne sont plus vendables, cela pourrait aider des gens », développe-t-il.

Mme Martin explique que si une campagne comme « Je mange, donc je vote » peut servir de tribune pour les étudiants, les retombées d’un tel évènement est seulement mesuré après les élections. Elle ajoute qu’il faudra encore voir si les candidats sensibilisés par la campagne vont être élus et s’ils en feront un enjeu politique.

En 2017, environ 4 % des usagers des banques alimentaires du Québec étaient des étudiants. Photos : Jacob Côté
En 2017, environ 4 % des usagers des banques alimentaires du Québec étaient des étudiants.
Photos : Jacob Côté

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