Si le collectif Carmagnole est réputé pour produire certains contenus de nature érotique, il tempère son offre lors de ses évènements à vocation familiale. « Certains actes s’adressent à un public averti, mais toute la programmation est accessible aux enfants », indique la co-coordonnatrice des opérations de Carmagnole, Éliane Bonin.
« Rassurez-vous, les parents : vos enfants ne verront rien ici qu’ils n’ont pas déjà vu sur Internet ! », lançait d’ailleurs William Poliquin, du groupe d’artistes de cirque Quatuor Stomp, lors de sa prestation à CDLP l’an dernier.
L’évènement est produit en collaboration avec la Caserne 18-30, un centre communautaire de loisirs spécialisé dans les arts du cirque situé tout près. « Beaucoup de nos artistes se sont formés ici et ont désormais de grosses carrières, précise Mme Bonin, qui y donne des cours d’acrobatie et d’équilibre. C’est comme un retour aux sources pour eux que de revenir jouer à Hochelaga. »
Les enfants rois
La programmation du week-end est élaborée par un comité d’enfants, placé au centre des décisions. « On oblige les adultes à écouter les enfants plutôt que l’inverse, ce qui est une révolution en soi », explique la co-coordinatrice des opérations. Elle fait part de certaines initiatives prises par les jeunes, dont la gestion d’un bar sans alcool.
Mme Bonin estime qu’isoler les enfants est un non-sens, et que ces derniers sont souvent à l’origine des idées les plus pertinentes et originales. « On a de l’estime pour l’intelligence des jeunes, assure-t-elle. Je pense par exemple à Maëko Michaux-Duguay, une fille de 8 ans qui est une véritable mine d’or d’art engagé. »
Des détracteurs
Cependant, cette formule de spectacles gratuits ne fait pas tout à fait l’unanimité chez les habitants du quartier. Si la plupart des personnes interrogées disent appuyer de telles initiatives, certaines estiment que celles-ci contribuent également à l’embourgeoisement du quartier.
« C’est une bonne chose d’avoir accès à des spectacles gratuits dans un quartier comme celui-ci, tempère Alex, un jeune musicien qui habite Maisonneuve. Mais à l’inverse, cela rend aussi le quartier plus attrayant pour les spéculateurs et autres agents de la gentrification. Les loyers augmentent et des gens doivent quitter le quartier. Ce n’est donc pas qu’une bonne chose. »
Éliane Bonin ne partage pas ce point de vue, bien qu’elle dise le comprendre. « Il y a des centaines de personnes à Hochelaga qui ne se déplaceront jamais pour voir un spectacle gratuit à la Place des Arts, réplique-t-elle. Elles viennent plutôt voir des évènements comme le nôtre, car elles savent qu’on fait autre chose que des niaiseries commerciales. »
15 et 16 juin 2019
Parc Lalancette (angle des rues Hochelaga et Nicolet)
Gratuit