Volume 26

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Vaccination : Un véritable enjeu ?

Étudiante au certificat en santé mentale et éducatrice à la petite enfance, Mari Lou Valiquette a un enfant de trois ans, qu’elle a décidé de ne pas faire vacciner. « Comme les parents qui décident de faire vacciner leur enfant, mon besoin de protéger mon enfant est viscéral », souligne-t-elle.

Une de ses inquiétudes principales concerne le contenu des vaccins. « Ils renferment beaucoup de produits chimiques, estime-t-elle, en donnant l’exemple du sel d’aluminium. D’après les renseignements que j’ai, il [le sel d’aluminium] s’accumule dans les muscles lorsqu’il est injecté, et cela peut être dangereux. Pourquoi ne pas remplacer les produits nocifs ? »

En réponse à ces craintes, la pédiatre, microbiologiste-infectiologue et épidémiologiste Caroline Quach-Thanh est formelle. « Les résidus de sel d’aluminium, je ne les considère même pas comme une toxine tellement les quantités sont faibles, soutient-elle. On les utilise comme adjuvant, car ça booste le système immunitaire, ce qui rend le vaccin plus efficace. Si celui-ci prouve son efficacité sans le sel d’aluminium, on ne l’ajoutera pas. » Ne pas l’utiliser pourrait forcer à administrer de plus fortes doses, ce qui n’est pas mieux, selon elle.

L’infirmier au CHU Sainte-Justine Denis Blais veut également rassurer les parents. Il explique qu’avec l’assainissement des vaccins, le sel d’aluminium est de moins en moins utilisé – mais il concède néanmoins qu’il peut y avoir accumulation. « Celle-ci n’a jamais dépassé les doses recommandées, tellement les quantités sont faibles », précise-t-il.

Et les allergies ?

Critiquant le manque de communication au niveau médical, Mari Lou donne en exemple les vaccins contenant certaines protéines animales. Celle qui travaille dans le domaine de la petite enfance indique que des parents se sont retrouvés confrontés à une réaction allergique de leur enfant à une de ces protéines, le médecin étant pourtant au courant de la condition de l’enfant. C’est le manque de prévention et de vérification de la part des professionnels de la santé qu’elle dénonce. « Le médecin était au courant, car il avait déjà prescrit du lait spécial sans protéine animale, déplore-t-elle. Le risque des vaccins est inférieur à la peur de ne pas savoir ce qu’on injecte à notre enfant. » 

M. Blais souligne que, même si ce genre d’incident peut se produire, les conditions de travail des professionnels de la santé sont parfois difficiles avec un temps très limité par patient. Également, dans certains cas, les allergies d’un enfant sont découvertes après l’administration d’un vaccin.

À cet égard, la docteure Quach-Thanh défend les professionnels de la santé, qui sont là pour dialoguer avec les familles et rendre le processus sécuritaire pour l’enfant. « Je comprends que certaines personnes puissent avoir des inquiétudes, mais pour le cas de réactions allergiques, le travail du médecin doit se faire en concertation avec les parents », indique-t-elle. La pédiatre assure également que la liste des ingrédients de chaque vaccin est disponible sur les sites Internet gouvernementaux.

Ce genre de préoccupations touche également certains parents ayant fait vacciner leur enfant. L’étudiante au baccalauréat en histoire de l’art Mélissa Sénésac a vu son premier enfant faire une gastroentérite à huit mois, ce qui a entraîné une semaine d’hospitalisation. « Mon enfant a été vacciné pour la gastro, mais vu qu’il y a différentes souches, ça ne l’a pas empêché d’atterrir à l’hôpital », déplore-t-elle. Lors des vaccins des dix-huit mois de sa fille, celle-ci a mal réagi. « Ma fille est hypersensible aux vaccins et elle a perdu connaissance après toutes ces piqûres, déclare-t-elle. J’ai capoté ma vie, c’était impressionnant. »

M. Blais mentionne que le risque zéro n’existe pas en médecine, comme ailleurs. « La vaccination est calculée sur l’ensemble de la population, explique-t-il. On dénombre en moyenne d’un à trois cas de réactions graves par million de doses, donc le risque est minime, mais la préoccupation des parents doit être considérée. »

Vaccin sélectif

L’étudiante au baccalauréat en éducation préscolaire Vicki Lalande fait partie des parents qui remettent en cause certains vaccins non obligatoires. « Le vaccin contre la grippe est un non-sens à mes yeux, car les souches changent chaque année, déplore-t-elle. Donc, tous les vaccins de mes enfants sont à jour, sauf ceux contre la grippe. »

De son côté, la docteure Quach-Thanh met un point d’honneur à montrer que la profession est la plus transparente possible. « Au Québec, on ne fera pas de vaccins qui ne sont pas nécessaires, indique-t-elle. Certains sont disponibles, mais si l’incidence d’infection invasive n’est pas assez élevée, ils n’entreront pas dans le carnet de vaccination. »

La pédiatre pense qu’un des messages les plus importants liés à la vaccination est de protéger ceux qui ne peuvent être vaccinés à cause de conditions particulières. « Des enfants qui sont en chimiothérapie ou qui ont reçu une greffe ne peuvent pas être vaccinés », indique-t-elle. Mme Quach-Thanh prévient qu’une épidémie quelconque pourrait devenir mortelle pour eux.

Encadré : Le vaccin et l’autisme

La méfiance envers les vaccins trouve sa genèse dans une étude menée en 1998 par le gastro-entérologue britannique Andrew Wakefield. Celle-ci mettait en avant un lien entre la vaccination et l’autisme. Basée sur seulement douze enfants, la crédibilité de l’étude a vite été remise en question. Un conflit d’intérêts avait par ailleurs été révélé par la BBC, car le médecin représentait des familles souhaitant poursuivre les fabricants de vaccins.

Publié dans le prestigieux journal The Lancet, l’article a même été retiré, ce qui, selon le journaliste à la retraite Yanick Villedieu, est très rare. Une nouvelle étude danoise effectuée entre 1999 et 2010 sur plus de 600 000 enfants a par la suite conclu qu’il n’y avait pas de lien entre le ROR (vaccin contre la rougeole, les oreillons et la rubéole) et l’autisme.

Mis à jour le 11 avril 2019 à 13:37.

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