Les personnes présentes au congrès de la FAÉCUM en fin de semaine dernière ont pu voir apparaître des triangles bleus sur la veste de certains étudiants. L’initiative est issue du Comité diversité et inclusion de l’Association générale des étudiants et étudiantes en éducation de l’UdeM (AGÉÉÉ). « Ce qu’on voulait faire, c’est soutenir et être solidaire avec nos collègues étudiants qui vont se voir refuser l’accès à la profession enseignante », lance le délégué aux affaires externes de l’association, Guillaume Bertrand.
L’étudiante au baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement primaire Ines Boudechiche fait partie des membres de l’association touchée par le projet de loi 21. « Je trouve que c’est une très bonne initiative de la part de l’AGÉÉÉ, soutient-elle. Ça nous aide à réaliser qu’on n’est pas seul et qu’il y a des gens qui croient en nous. »
Celle qui travaille comme suppléante depuis un an complétera son troisième stage à l’hiver. Or, elle ne sait pas si elle sera en mesure de le faire, en raison de l’interdiction de porter de signe religieux que prévoit la loi. « Imaginez que vous commenciez à bâtir une maison en investissant votre temps, votre argent et toute votre énergie, puis qu’une personne vient vous dire, après avoir étudié votre dossier et l’avoir approuvé auparavant, qu’en fait vous n’avez pas le droit de le faire et qu’il faut tout démolir, illustre-t-elle. C’est le sentiment que j’ai en ce moment par rapport à cette loi. »
« Comme une traînée de poudre »
Pour Guillaume, le triangle bleu est un signe dont la signification est large. « La symbolique n’est pas coulée dans le béton, explique-t-il. Si les gens en droit veulent porter le triangle bleu, parce que ça les touche aussi, c’est très ouvert. » En plus des enseignants d’école du réseau public, le projet de loi sur la laïcité retire notamment aux juges, aux gardiens de prison, aux policiers, aux avocats du gouvernement et aux agents de la faune le droit de porter des signes religieux. « On a lancé ce symbole-là, puis le but, c’est que ça parte un peu comme une traînée de poudre, que ça devienne viral », souligne l’exécutant.
La forme de la solidarité
Des critiques sur l’utilisation du triangle sont parvenues aux oreilles du délégué. La forme a notamment été utilisée comme système de marquage nazi pour des prisonniers. « [Le triangle] est représentatif du logo de nos associations étudiantes et d’un concept en pédagogie, le triangle didactique, se défend Guillaume. On comprend que c’est une forme géométrique qui a été utilisée dans plusieurs contextes […], mais on pourrait probablement trouver plusieurs autres mouvements qui seraient condamnables et qui ont utilisé la même. »
En novembre dernier, Quartier Libre rencontrait deux autres étudiantes directement touchées par le projet de loi 21, ainsi qu’une experte sur le sujet.