Volume 26

Crédit photo : Benjamin Parinaud.

51 dollars par mois

Rendre les transports en commun plus abordables, c’est l’un des engagements de la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Pour ce faire, elle s’appuie notamment sur l’idée d’une tarification sociale mise en place par la Société de transport de Montréal (STM). « Les personnes sous le seuil de faible revenu [20 998 $ pour une personne seule à Montréal en 2017] obtiendront un rabais de 40 % du prix de la passe mensuelle de la STM », peut-on lire sur le site Web de Projet Montréal, son parti.

Le secrétaire général de la FAÉCUM, Matis Allali, craint que cela ne soit pas nécessairement bénéfique pour la communauté étudiante. « La tarification sociale pourrait se substituer au tarif étudiant, et ça, on ne veut pas que ça arrive », s’inquiète-t-il. Actuellement, le prix d’un abonnement mensuel étudiant de la STM est de 51 $, soit exactement 40 % moins cher que le tarif général, qui est affiché à 85 $. Matis ajoute que lors de la campagne municipale de 2017, les demandes de la FAÉCUM se sont résumées à la bonification de l’offre de transport, sans que cela engendre de coût supplémentaire pour la communauté étudiante. « Le meilleur mécanisme pour les gens à faible revenu, ce n’est pas de leur offrir du transport en commun moins cher, c’est de leur offrir un revenu plus élevé », soutient pour sa part le professeur à la Faculté de l’aménagement Jean-Philippe Meloche. Il soulève qu’une personne à faible revenu souhaitant prendre les transports en commun peut le faire, mais si celle-ci décide plutôt de marcher, elle pourra conserver cet argent. « Il faut récompenser les piétons autant que possible », estime-t-il.

Et la gratuité ?

En plus de la tarification sociale, le parti de Valérie Plante dit souhaiter mettre en place la gratuité des transports pour les personnes âgées et les enfants de moins de 12 ans.

Pour M. Meloche, la gratuité n’est pas forcément la meilleure option dans une perspective de mobilité durable. « Dans la plupart des expériences, ce que ça contribue surtout à faire, c’est de prendre des piétons et des cyclistes et les envoyer dans les transports en commun », explique le professeur. Ce dernier précise que ce n’est pas le prix du transport en commun qui pousse certains montréalais à prendre leur automobile. Il ajoute que la gratuité peut avoir comme effet d’ajouter de la pression dans les réseaux, ce qui ne serait pas souhaitable pour la métropole.

S’inspirer d’autres campus

Cet automne, les étudiants de l’Université Laval se sont dotés d’un laissez-passer universel (LPU). Obligatoire et incluse dans les frais de scolarité, la carte permet aux bénéficiaires de payer 120,60 $ par session pour du transport en commun illimité. Ces coûts atteindront 144,74 $ en 2021.

À l’UdeM, l’idée d’un laissez-passer universel avait été envisagée en 2009, selon Matis. « On avait tenté, à la FAÉCUM, d’instaurer la carte campus, qui aurait permis d’avoir l’équivalent de l’Université Laval », raconte le secrétaire général. Selon lui, les démarches ont toutefois été abandonnées en 2013.

La FAÉCUM avait, à l’époque, entamé des négociations avec différents acteurs du transport métropolitain, mais il avait fallu annuler le projet en raison du nombre trop élevé de parties à la table des négociations. « C’était trop complexe, ça a rendu le projet invivable », confie Matis.

Prochainement, la nouvelle Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM) réunira différentes organisations de transport de la région. L’initiative, qui couvrira un territoire allant de la Communauté métropolitaine de Montréal à Kahnawake, en passant par la ville de Saint-Jérôme, fera passer le nombre de sociétés de transport de seize à cinq. Aux côtés de l’ARTM, dont les consultations publiques auront lieu cet été, Matis estime que la FAÉCUM pourrait songer à organiser de nouvelles négociations, réunissant moins d’interlocuteurs cette fois-ci, en vue d’un laissez-passer universel.

De son côté, la porte-parole de l’UdeM Julie Cordeau-Gazaille affirme que l’Université est prête à réexaminer la question, à la demande des étudiants et si le projet est gérable sur le plan technique.

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