Volume 26

Crédit photo : Benjamin Parinaud

J’ai plagié

Émilie*, étudiante au baccalauréat en biochimie, avoue avoir déjà eu recours plusieurs fois à la fraude dans le cadre de ses devoirs. « J’ai déjà copié pour des QCM [questionnaires à choix multiples] qui se basaient sur l’apprentissage par cœur des cours, dans des amphithéâtres où on était beaucoup trop nombreux », explique-t-elle.

Plus récemment, Émilie a également été amenée à se justifier à propos d’un article scientifique rédigé dans le cadre d’un cours, car elle a repris la partie méthodologique d’un rapport écrit par un étudiant d’une promotion précédente. « J’ai juste repris les éléments importants des manipulations, parce que je n’ai pas eu le courage de relire tous les protocoles pour en retirer les informations importantes une par une », précise-t-elle. Elle s’en est toutefois sortie sans conséquences.

Consciente des risques et de l’immoralité de son acte, l’étudiante affirme ne pas être la seule à franchir le pas. « Tout le monde s’inspirait des autres rapports pour faire ce travail, ajoute-t-elle. Et puis en examen, je sais que c’est malhonnête, mais c’est facile de grappiller quelques points en copiant sur un voisin. »

Étudiant à la maîtrise en anthropologie, Maxime* admet avoir lui aussi plagié, dans le cadre de travaux de fin de session ou encore d’examens à livre ouvert, au cours de sa scolarité à l’UdeM. « Je me suis déjà inspiré du travail et des idées de chercheurs confirmés, mais aussi de certains travaux de mes pairs qui avaient suivi le même cours que moi », affirme-t-il.

L’auto-plagiat est également une pratique couramment utilisée par Maxime, quand, pour la rédaction de nouveaux travaux, il n’hésite pas à reprendre quelques idées ou paragraphes d’anciens devoirs. « Certains enseignants ne sont pas gênés par ça », justifie-t-il.

Prendre le risque

Pour Émilie, le recours au plagiat est avant tout une question de résultats. Étudiante française en échange à l’UdeM pour sa troisième année de baccalauréat, elle juge nécessaire d’obtenir les meilleures notes possible pour chaque cours. « Je suis dans une formation en France où notre classement est important », indique-t-elle. Ainsi, l’étudiante souligne que la pression est forte en ce qui concerne la qualité? de ses travaux.

« Pour moi, c’est avant tout une question de timing, explique Maxime. Parfois, je n’ai pas le temps de réellement réfléchir à la structure de mon texte, du travail, ou encore aux auteurs que j’envisage d’utiliser. » L’étudiant en anthropologie a souvent été confronté aux nombreux messages relatifs à l’intégrité et aux avertissements en cas de plagiat présentés par l’UdeM.

Il est cependant en désaccord avec certains règlements de l’Université. « Par moments, il m’arrive de reprendre les idées de certains auteurs, mais je ne considère pas cela comme une fraude [du plagiat], estime Maxime. Parce que oui, j’utilise les idées de quelqu’un d’autre, mais je les reformule et retravaille les théories. »

Appel à l’intégrité des étudiants

« Cent trente-six cas de plagiat, c’est déjà beaucoup trop, affirme la vice-rectrice adjointe aux études de premier cycle et à la formation continue, Sylvie Normandeau. C’est pour cette raison que l’on a mis en place une activité de promotion de l’intégrité. »

Par le biais de la plateforme « Je suis intègre », créée en collaboration avec le corps professoral, les doyens, les étudiants et les membres de l’administration et des bibliothèques, l’UdeM a développé une série d’activités visant à prévenir et à mieux informer les étudiants, mais aussi les enseignants, des différentes situations de plagiat et des moyens de les éviter.

Ainsi, la plateforme indique aux étudiants les moyens et outils proposés afin d’éviter de se retrouver dans des situations de fraude ou de plagiat, en valorisant l’intégrité et une attitude positive à l’égard des travaux produits au cours de leur scolarité. « L’idée, à travers ce dispositif, est de transmettre un message préventif et constructif, mais également d’outiller les étudiants afin qu’ils aient des stratégies et soient armés pour réussir et terminer leurs études dans les meilleures conditions possible », conclut Mme Normandeau.

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* Noms fictifs

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