Culture

Fugue en rouge, 1922 (Crédit Paul Klee)

Décrypter les toiles musicales de Paul Klee

« Klee a été musicien et violoniste toute sa vie, explique la professeure à la faculté de musique Dujka Smoje. Il a perçu l’analogie entre la musique et les arts visuels, en particulier le rythme, le contrepoint des lignes, le timbre sonore et celui des couleurs. » D’après elle, le nombre de ses toiles qui intègrent le prisme de la musique a fait de ce peintre du début du XXe siècle une référence parmi ses contemporains.

Pour l’experte, il ne s’agit pas de simple analogie métaphorique ou d’évocation poétique de la musique. Le lien est beaucoup plus profond. « Il concerne la structure de l’œuvre picturale, précise-t-elle. Il transpose les formes sur la toile en s’inspirant des principes de la composition musicale. » Mme Smoje cite la variation, la répétition, la permutation, l’augmentation et la diminution à titre d’exemples. « Ces techniques sont particulièrement développées dans l’art du contrepoint et les formes qui l’utilisent : le canon, la fugue », détaille-t-elle.

L’harmonie des compositions et le jeu des couleurs éveillent ainsi une expérience visuelle vibrante pour la professeure. Elle ajoute que Paul Klee a laissé de nombreuses pages théoriques tout au long de sa carrière, expliquant sa démarche créative.

Dans l’air du temps

D’après la professeure, la complicité entre les arts visuels et la musique marque le tournant du XXe siècle. « Les peintres explorent les passerelles entre les deux arts, cherchant à capter sur les toiles le pouvoir expressif de la musique, indique-t-elle. La musique est considérée comme le modèle des autres arts, amenant des techniques comme le détachement de la figure, l’intégration du temps et du mouvement ou les compositions polyphoniques. »

Selon Mme Smoje, l’art de Paul Klee s’inscrit dans cette tendance. C’est également le cas d’autres courants artistiques majeurs de l’époque, comme le cubisme, le futurisme, l’orphisme ou le constructivisme.

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