Quartier Libre : Sur quoi porte votre projet ?
Maxime Fortin : À l’aide d’outils de cartographie, je veux dresser un portrait des terrains contaminés sur l’île de Montréal et identifier ceux qui sont vacants, peu végétalisés et qui contribuent le plus aux îlots de chaleur. Je veux également estimer la superficie qu’occupent ces sites par rapport à la superficie totale de l’île.
En raison des frais extrêmement élevés liés à l’utilisation des méthodes conventionnelles de décontamination des sols, de nombreux terrains sont laissés à l’abandon pendant plusieurs années. L’objectif de ce projet est d’arriver à montrer qu’il y a des sites contaminés vacants à Montréal qui présentent une très bonne occasion de fournir des services écologiques nécessaires à la résilience de la ville face au climat changeant.
Q. L.: Comment avez-vous eu l’idée de travailler sur les sols ?
M. F. : Pendant mes études doctorales, j’ai eu la chance de travailler concrètement sur un terrain contaminé pour, entre autres, évaluer le potentiel des saules pour la phytoremédiation. En plus de répondre à des besoins directs d’assainissement des sols, ces plantes transforment le paysage, réduisent les effets d’îlots de chaleur en milieu urbain et augmentent la séquestration des gaz à effet de serre.
Tous ces services écologiques, qui deviennent particulièrement importants dans un contexte de développement durable et de résilience des villes face aux changements climatiques, m’incitent à croire que les grandes villes, comme Montréal, auraient avantage à valoriser plusieurs sites contaminés qui sont laissés à l’abandon en y implantant rapidement un couvert végétal.
Q. L. : Comment votre projet pourrait bénéficier à Montréal ?
M. F. : Aujourd´hui, tous les bénéfices que peuvent apporter les plantes ne sont pas considérés. Toute la valeur écosystémique et même économique des plantes est mise de côté. Les terrains contaminés vacants amènent une chance d’augmenter les espaces verts. Au-delà du fait que cela procurerait un meilleur habitat et un meilleur air à respirer, c’est esthétiquement beau, ce qui a aussi le potentiel d’améliorer la santé mentale des gens en milieu urbain. Quand tout est bétonné, c’est un peu déprimant. Mon projet se limite à l’île de Montréal, mais le potentiel de l’île pourrait montrer aux autres grandes villes que si c’est possible ici, ça l’est partout.
Q. L. : Pourquoi avoir postulé à la bourse de la fondation David Suzuki ?
M. F. : En tant qu’étudiant, je suis témoin des avancées de pointe qui se font dans le domaine des phytotechnologies et de leur potentiel à résoudre de multiples enjeux environnementaux. Avec le temps, j’ai développé l’envie de faire la promotion de ces technologies vertes pour les intégrer davantage dans nos habitudes de vie.
Le programme de bourses de la fondation David Suzuki présentait une occasion en or pour moi de proposer un projet, de collaborer avec des experts de différents domaines et de profiter d’un bon encadrement de la part des mentors de la fondation. Le projet de recherche que j’ai proposé cadre vraiment bien dans la thématique du concours de bourse — adaptation aux changements climatiques et durabilité des villes — car cela intègre les infrastructures naturelles.