Volume 26

Crédit photo : Benjamin Parinaud.

Le droit au poil

Pour la candidate au doctorat en philosophie Anna Corbeil, le choix de ne plus s’épiler s’est fait du jour au lendemain. « Je ne me suis jamais identifiée au discours qui veut que tes jambes soient belles épilées », raconte-t-elle.

Son de cloche similaire chez l’étudiante à la maîtrise en philosophie Fannie Achard. « Je n’ai tellement pas aimé le résultat de l’épilation, j’avais l’impression d’avoir des cuisses de poulet ! » lance-t-elle.

Selon l’étudiante, l’épilation offre une fausse sensation de féminité. « On n’est pas obligé de se sentir féminine pour se sentir bien », ajoute-t-elle.

Féministe, poil ou pas

A contrario, l’étudiante au baccalauréat en traduction Yousra Atraoui ne compte pas mettre l’épilateur de côté. « Je ne suis pas moins féministe qu’une fille qui ne s’épile pas, affirme-t-elle. J’aime être épilée et ça, c’est correct. C’est mon droit de paraître d’une certaine façon, c’est personnel, nos raisons n’ont pas à être justifiées. »

Elle juge qu’il peut parfois être délicat de présenter son poil à des gens qui n’y sont pas habitués, surtout dans un contexte formel. « Il est dur de changer les choses aussi vite et il est contre-productif de proposer si violemment un nouveau modèle », estime Yousra.

Poil politique

« Le sens de la pilosité visible va bien au-delà de sa forme », estime la fondatrice de Maipoils (voir encadré), Paméla Dumont. Pour elle, il y a une contradiction quant à la symbolique du poil féminin et ce qu’il est vraiment. « C’est un petit tégument [tissu] inoffensif, naturellement présent sans traitement esthétique. »

Paméla soutient que le poil est politique malgré lui. Selon elle, il se pose en symbole : il incarne le fait de ne pas réellement laisser la liberté aux femmes de faire autre chose que ce qui est attendu d’elles. « Le poil est un élément que les femmes peuvent traiter et sur lequel elles peuvent avoir un certain contrôle pour cadrer dans ce qu’on leur montre partout comme modèles féminins », estime Paméla. Selon la fondatrice de Maipoils, elles ne le questionnent souvent pas, mais sont généralement soulagées d’avoir un pouvoir d’action sur leur pilosité.

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