En cette nouvelle année, des choses intéressantes se mettent en place. Le projet de justice bot (p. 9) qui voit le jour à l’UdeM apporte l’espoir de recevoir de l’information juridique sans avoir à dépenser d’argent. Un outil utile pour la classe moyenne.
Pourquoi mentionner la classe moyenne ? Le professeur à la Faculté de droit de l’UdeM Karim Benyekhlef l’explique sans le dire : « En général il faut être très riche ou très pauvre pour avoir accès à la justice. »
Si la classe moyenne est laissée de côté et livrée à elle-même, il y a un risque qu’elle se paupérise. Comprendre : qu’elle s’appauvrisse.
Pour quelqu’un qui n’a pas accès à l’aide juridique gratuite offerte aux moins bien lotis, un procès et les coûts associés peuvent vite le mettre dans le rouge financièrement. Alors, la justice serait-elle faite pour les extrêmes de la société ?
Un manque d’attention
Je ne remets bien évidemment pas en cause l’aide apportée aux classes les plus pauvres. Tout comme la discrimination positive à l’entrée de certains programmes universitaires (p. 13), cela permet de rééquilibrer plusieurs injustices de nos sociétés. Mais sur les bancs de l’école aussi, les classes moyennes semblent oubliées par le système.
Les élites envoient leurs enfants dans de prestigieux établissements d’enseignement privé et leur offrent des cours de soutien. La culture de l’entre-soi les amènent à fréquenter les mêmes établissements par la suite, et les réseaux qui leur serviront plus tard professionnellement se créent. Les élèves de la classe moyenne vont dans des établissements publics où les enseignants ne cachent plus leur mal-être à l’égard d’un système dysfonctionnel1.
Si la classe moyenne est laissée de côté et livrée à elle-même, il y a un risque qu’elle se paupérise. Comprendre : qu’elle s’appauvrisse.
Un géant qui sommeille
Trente-huit pour cent. C’est ce que représenterait la classe moyenne québécoise (2). Une frange de la population qui joue un rôle majeur dans la direction politique de la province. À titre d’exemple, aux États-Unis, c’est elle qui a permis l’accession de Donald Trump au pouvoir3. Au Brésil, le nostalgique de la dictature militaire, Jair Bolsonaro, est devenu président grâce au vote de cette même classe (4).
La frustration accumulée par la détérioration des conditions de vie de ces personnes a amené ces changements politiques radicaux. Si rien ne change, cela va se répéter dans d’autres endroits.
Comme le font des chercheurs de l’UdeM pour aider à la construction d’une maison pour des adultes souffrant du trouble du spectre de l’autisme (p. 17), le gouvernement doit tenir compte des besoins de chacun.
De peur que la classe moyenne ne décide, elle aussi, de s’intéresser aux extrêmes.
1. Lapresse.ca, « Le jour où Kathya Dufault a craqué », 25 octobre 2018 2. Selon la définition de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), la classe moyenne correspond aux familles gagnant entre 75 et 150 % du revenu du ménage médian. Chiffre tiré de l’article de La Presse +, « Miroir, miroir, dis-moi que j’en suis », 6 mai 2017. 3. Slate.fr, « Trump a gagné la classe ouvrière blanche dans des États qui votaient démocrate », 9 novembre 2016 4. Le Soleil, « Bolsonaro est-il vraiment le Trump brésilien ? », 10 octobre 2018