Selon Mme Birch, la gouvernance du secteur de l’éducation du gouvernement Couillard pourrait être résumée par « réduire pour mieux investir ». « À cause de la période de compressions budgétaires, qui a entre autres affecté l’éducation, il n’y a pas beaucoup de promesses qui ont bougé au cours des deux premières années », explique la codirectrice du livre Bilan du gouvernement de Philippe Couillard : 158 promesses et un mandat contrasté, paru le 20 août 2018.
Elle précise que les deux dernières années ont plutôt été caractérisées par un réinvestissement dans le milieu de l’éducation, permettant à l’administration de d’entamer la mise en œuvre de promesses électorales. Malgré tout, le gouvernement libéral n’a pas atteint ses cibles en matière d’investissement en éducation, qui étaient de 3,5 % par année. « On a jugé que cette promesse était rompue, raconte Mme Birch. Même si on peut argumenter qu’il y a eu une petite augmentation [durant la période de compression], si elle ne comble pas l’augmentation des coûts, de facto ça devient une coupure. »
L’éducation, un secteur complexe
Sur le Polimètre Couillard, un outil en ligne développé pour permettre de suivre la réalisation des promesses électorales du gouvernement auquel Mme Birch a participé, il est inscrit que la majorité des promesses en éducation et recherche (17 sur 26) ont bel et bien été tenues. Parmi elles, l’indexation des frais de scolarité des étudiants universitaires, petite soeur de la tentative de hausse des frais de scolarité du gouvernement Charest. Celle-ci avait provoqué en 2012 la plus grande grève étudiante de l’histoire du Québec.
La professeure de science politique nuance que certaines actions gouvernementales n’y ont pas été comptabilisées. L’instauration de politiques sur les violences à caractère sexuel par les universités d’ici janvier 2019 est un exemple d’un engagement pris plus tard dans le mandat, en réaction au mouvement #metoo et à la vague d’agressions sexuelles survenues à l’UL en 2016.
D’autres promesses ont été partiellement réalisées. « Pour mettre en œuvre des politiques structurantes, il faut plus que deux ans, avance Mme Birch. Il faut comprendre que le secteur de l’éducation est l’un des plus complexes. » Selon la professeure de science politique, cette complexité est une conséquence de l’important nombre d’acteurs, qui sont répartis du préscolaire à l’universitaire et qui ont chacun des préoccupations et des intérêts différents.
Passer le flambeau
La CAQ de François Legault hérite donc de plusieurs dossiers en suspens, relève Mme Birch. « Durant la campagne électorale, on a très peu élaboré sur les sujets de l’enseignement supérieur, ajoute-t-elle. La CAQ a des idées concernant la formation professionnelle, les cégeps, les entreprises… ils ne sont pas très précis dans les mesures qu’ils vont prendre. » Les choses vont être intéressantes à suivre, conclut-elle.