Quartier Libre : Tu termines ton premier mandat à la FAÉCUM en tant que coordonnateur aux affaires externes. Pourquoi avoir décidé de te présenter au poste de secrétaire général ?
Matis Allali : J’ai décidé de continuer en tant que secrétaire général car il y a plusieurs dossiers importants qui s’en viennent et qui me tiennent à cœur. On peut penser notamment aux élections provinciales [NDLR : le scrutin est prévu pour le 1er octobre prochain], ou encore à la question de la politique institutionnelle pour contrer les violences sexuelles, politique qui devra être mise en place à la suite de l’adoption du projet de loi 151 [visant à prévenir les violences à caractère sexuel dans les établissements d’enseignement supérieur].
Q. L. : Reprenons les deux sujets que tu as énoncés. Tout d’abord, comment entrevois-tu les élections provinciales de 2018 ?
M. A. : Notre devoir sera d’être les fervents défenseurs de la condition étudiante. On a déjà une plateforme contenant huit revendications qui a été adoptée par les associations membres en conseil central [voir encadré]. En se basant sur ces revendications, on va aller voir les partis politiques afin d’obtenir des engagements de leur part. Les élections, c’est le meilleur moment pour faire ça. On ne prendra pas position, mais on va faire un document pour montrer comment les partis répondent aux demandes des étudiants. Comme ça, ils vont pouvoir se faire une idée avant d’aller voter.
Q. L. : Quel rôle la FAÉCUM va-t-elle jouer dans la mise en place de la politique pour contrer les violences sexuelles ?
M. A. : Nous allons émettre des recommandations pour l’administration, afin que cette politique soit une référence pour les autres universités du Québec. Les canaux avec l’administration sont d’ailleurs déjà bien ouverts et on a tout à gagner à ce que ce processus se fasse de manière collégiale. Cette politique doit être adoptée avant le 1er janvier 2019 et mise en œuvre au plus tard le 1er septembre 2019 [en vertu du projet de loi 151].
Q. L. : Il a beaucoup été question de la place des femmes à la FAÉCUM cette année. Comment comptes-tu poursuivre la mise en place des mesures visant à favoriser leur implication ?
M. A. : Ce que je compte proposer dans mon futur plan d’action, c’est de mieux outiller les associations membres de la FAÉCUM afin qu’elles puissent elles aussi favoriser l’implication des femmes. Je crois aussi qu’il sera important de développer une offre de formation sur le sexisme ordinaire et sur les attitudes que peuvent adopter les hommes, à leur propre insu bien souvent, qui agissent à titre de barrière pour l’implication étudiante des femmes. Par ailleurs, je tiens à spécifier que bien qu’il s’agit d’un dossier dont j’ai la responsabilité, je développerai mon plan d’action en étroite collaboration avec les femmes qui font partie de mon équipe, car je crois qu’il ne pourra être véritablement efficace que s’il est réfléchi par les personnes touchées par la réalité qu’il adresse.
Q. L. : La question des campus régionaux et délocalisés a été abordée au dernier congrès. Qu’est-ce qui est ressorti de ces discussions ?
M. A. : C’est une préoccupation qui revient annuellement. On a parfois tendance à oublier les campus qui ne sont pas sur la montagne. L’objectif, c’est d’avoir une sensibilité pour ces campus délocalisés et de savoir comment les impliquer davantage dans les différentes orientations de travail. Chaque campus a ses réalités, ses besoins et ses demandes. On peut penser par exemple à l’Association des étudiants en médecine vétérinaire de Saint-Hyacinthe. C’est une association très autonome, mais qui réclame également notre soutien.
Q. L. : Vous avez crié victoire lors de l’annonce du gouvernement, dans son dernier budget, de l’octroi de 15 millions de dollars pour les stages en enseignement. Mais est-ce suffisant, et qu’en est-il des stages dans les autres domaines ?
M. A. : Il faut avant tout s’asseoir avec les associations étudiantes en éducation afin de s’assurer que cet octroi répond à leur demande. La revendication initiale était de 20 millions. À 15 millions, on est un peu plus bas, mais je crois que ça répond au problème de la précarité financière, puisque les étudiants vont percevoir un revenu durant leur stage. Sinon, on a reçu la demande de mettre en branle un chantier national afin de réfléchir aux conditions de tous les stages au Québec.
Les huit demandes de la FAÉCUM au gouvernement
1. Réinvestir 842 M$ en enseignement supérieur afin de pallier les compressions des dernières années.
2. Bonifier l’aide financière aux études afin de combler le déficit accumulé au sein du régime de prêts et bourses.
3. Offrir une compensation financière hebdomadaire de l’ordre de 576,96 $ aux étudiants au stage final en éducation, pour la durée de leur stage. La FAÉCUM demande aussi la mise en branle d’un chantier se penchant sur les conditions des stages obligatoires dans les autres programmes d’études au Québec.
4. Mettre en place un crédit d’impôt rétroactif pour les étudiants internationaux, afin de favoriser leur établissement dans la société québécoise.
5. Écouter les recommandations du rapport de Claude Corbo et mettre en place un conseil des universités du Québec représentatif de la communauté universitaire, tout en élargissant le mandat du vérificateur général afin d’y inclure la vérification des établissements universitaires.
6. Bonifier l’enveloppe du Programme de mobilité internationale et de courts séjours à l’extérieur du Québec de 4,7 M$ et indexer cette enveloppe à l’indice des prix à la consommation.
7. Mettre en place un programme provincial de ressources éducatives libres.
8. S’assurer que les modifications faites aux programmes de bourses d’excellence des Fonds de recherches du Québec (FRQ) ne diminuent pas l’accessibilité à ces bourses et viser un financement de 100 % des demandes admissibles aux bourses des FRQ.