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(Photos : Benjamin Parinaud)

Décontaminer avant de reconstruire

Le projet fait suite au plan d’action 2017-2021 de la Politique de protection des sols et de réhabilitation des terrains contaminés du gouvernement du Québec. Basé sur le système Traces Québec, il permettra à la Ville de Montréal de suivre en temps réel le déplacement des sols contaminés jusqu’à leur lieu de traitement ou d’enfouissement et, ainsi, de s’assurer de la conformité du processus. L’objectif est d’éviter qu’ils ne soient disposés de manière illégale.

« On a dû décontaminer les sols en raison de l’ancien usage du terrain, révèle le directeur du projet de construction du campus MIL, Alain Boilard. C’était une gare de triage de la compagnie du Canadien Pacifique. » Il explique que le chemin de fer a servi à des activités industrielles dans les environs d’Outremont pendant plus d’un siècle, ce qui s’est répercuté sur les sols.

Il précise que la procédure de décontamination des sols est obligatoire avant toute construction si le niveau des contaminants dans le sol dépasse la norme gouvernementale. Ce niveau est calculé par un laboratoire agréé par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques à partir d’échantillons prélevés sur place. Différents critères déterminent le degré de contamination des sols et ce qui est possible d’y construire [voir encadré].

Le principal contaminant trouvé en excès dans les sols du site a été le mâchefer, un résidu solide produit par la combustion. « Ce sont les produits de combustion des carburants qui étaient utilisés par les locomotives, simplifie M. Boilard. On voit ça dans les vieux films : la locomotive roule et il y a de la grosse fumée noire qui sort. Cette fumée se redépose au sol et crée une couche de mâchefer. » Il précise que dans d’autres parties du terrain, des contaminants issus des produits pétroliers ont également été trouvés. « [Des années 1920 à 1940], il y a eu quelques petits déversements de diesel ou de carburants, mais c’était vraiment peu, on n’en a pas trouvés beaucoup », dévoile-t-il.

(Photos : Benjamin Parinaud)
(Photos : Benjamin Parinaud)

 

Le traitement

Le directeur général d’Horizon Environnement, Guy Fortin, explique que la procédure obligatoire pour chaque terrain avant sa réutilisation commence par la caractérisation. Pour ce faire, le consultant prend des échantillons et détermine l’état environnemental des sols en question.

Il existe, selon lui, deux options principales de traitement des sols contaminés : la décontamination biologique et la décontamination chimique. La première utilise l’action de bactéries pour détruire les contaminants en les transformant en dioxyde de carbone. Quant à la deuxième, les solutions chimiques remplacent les bactéries pour donner le même résultat. « Il y a aussi un traitement thermique qui implique le brûlage à très haute température, ajoute M. Fortin. Mais, au Québec, c’est très peu répandu. »

La durée de la procédure de décontamination dépend de chaque cas. « La plupart du temps, les sols sont expédiés dans des centres de traitement qui les prennent en charge, poursuit M. Fortin. Le traitement fait directement sur le lieu contaminé est possible, mais reste plus rare. » Selon lui, le traitement chimique est le plus rapide, dans la mesure où il peut ne prendre que quelques jours, alors que la décontamination biologique prend de quelques semaines à quelques mois.

Les dangers de la contamination

Le directeur d’Horizon Environnement mentionne que plusieurs conséquences négatives sont associées à la contamination des sols. « Certains dangers plus immédiats sont liés à la faune et à la flore, qui sont en contact direct avec le sol contaminé », explique-t-il. En ce qui concerne le contact humain avec les contaminants du sol, M. Fortin nuance ses propos. « C’est une exposition à long terme qui peut causer des dommages et des cas spectaculaires comme des évanouissements, nuance-t-il. Souvent, les effets vont se faire sentir longtemps après, dans les 15 à 20 années qui suivent l’exposition. » Il revient également sur le caractère universel du souci pour l’environnement qui concerne aussi la décontamination. « Aujourd’hui, les prêteurs sont extrêmement sensibles à la question environnementale, révèle M. Fortin. Avant de prêter de l’argent pour réaliser un projet, ils vont demander une confirmation formelle selon laquelle le terrain est conforme aux normes et règlements existants. »

Les procédures pour décontaminer le terrain acheté par l’UdeM pour ses deux nouveaux pavillons du campus MIL se sont échelonnées entre 2012 et 2017 et ont coûté près de 20 millions de dollars. De son côté, la Ville de Montréal veut réhabiliter un terrain adjacent à celui du campus pour y construire un parc.


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