Présentée pour la première fois à l’Université de l’Arkansas en 2014 aux États-Unis, l’exposition déconstruit un des mythes véhiculés par la culture du viol, celui de la tenue provocante. Le procédé imaginé présente 15 tenues portées par des victimes le jour de leur agression, accompagnées de courts témoignages. « Un tee-shirt et un jean. Ça m’est arrivé trois fois par trois personnes différentes. Chaque fois, je portais un tee-shirt et un jean », peut-on lire à côté d’un des ensembles de vêtements.
La problématique traitée par l’exposition est importante, selon la sexologue et coordonnatrice au Centre de prévention et d’intervention en matière de harcèlement de l’Université Laval, Christine Delarosbil. « La question de la tenue portée le jour de l’agression est récurrente, explique-t-elle. “Pourquoi es-tu allé là-bas ?”, “Qu’avais-tu consommé ?” L’entourage de la victime ou des professionnels de la santé alimentent ainsi des stéréotypes qui accentuent le sentiment de culpabilité. »
Des violences sexuelles fréquentes sur les campus
Le rapport « Enquête Sexualité, Sécurité et Interactions en Milieu Universitaire » (ESSIMU), édité en décembre 2016 et portant sur les campus au Québec, indique que 36,9 % des répondants ont vécu au moins une forme de victimisation sexuelle depuis leur entrée à l’université. « Les statistiques portant sur les violences sexuelles au sein des campus au Québec sont les mêmes depuis 30 ans », affirme Mme Delarosbil. Certes, depuis deux ans, davantage de collèges et d’universités engagent des actions de prévention. « Mais il faut compter cinq à dix ans avant d’obtenir des résultats probants », ajoute la sexologue.
Mme Delarosbil est d’avis qu’une exposition comme Que portais-tu ? peut servir d’outil de sensibilisation. « L’art permet de rejoindre des gens qui ne se seraient pas déplacés pour assister à une conférence sur le sujet », explique-t-elle. D’après cette dernière, il suffit de parcourir le livre d’or de l’exposition pour noter que cet objectif semble atteint. Plusieurs commentaires révèlent le choc de certains visiteurs, qui avaient sans doute été peu sensibilisés à la problématique des agressions sexuelles auparavant.