À l’UdeM, une mise à jour de la politique de lutte contre le tabagisme a eu lieu en novembre dernier. La nouvelle règlementation interdit de fumer dans les résidences étudiantes, dans les lieux où se tiennent des activités sportives ainsi que sur les terrains des centres de la petite enfance. Cette mesure vient s’ajouter à l’interdiction de fumer à moins de neuf mètres de l’entrée d’un bâtiment, en vigueur depuis le début des années 2000.
« L’UdeM a amorcé un travail mené par le Secrétariat général, la Direction de la prévention et de la sûreté [DPS] et la Division des affaires juridiques », explique la porte-parole de l’UdeM, Geneviève O’Meara. Cependant, il n’est pas dans les plans de l’UdeM d’interdire le tabagisme sur la totalité du campus. « En raison de notre campus très étendu, il serait difficile d’en faire un environnement complètement sans fumée. Ce n’est pas dans les plans », ajoute-t-elle.
La FAÉCUM, pour sa part, n’a aucune position sur l’idée d’un campus sans fumée, indique son secrétaire général, Simon Forest.
En janvier dernier, des mesures drastiques ont été prises de l’autre côté de la montagne. L’Université McGill a annoncé pour le 1er mai 2018 l’extension des zones sans fumée à la totalité du campus du centre-ville, à l’exception de cinq zones pour fumeurs réparties entre les bâtiments. Dans un communiqué destiné à sa communauté universitaire, l’administration a fait parvenir le plan des points « fumeurs » du campus, suivant un travail de consultation débuté en 2016.
Des interdictions difficiles à faire respecter
L’étudiant au baccalauréat en musique Joey Schembri prend sa cigarette devant l’édicule du métro Édouard-Montpetit et révèle qu’il a commencé à fumer lorsqu’il était au cégep. « Arriver à l’université ne m’a pas du tout encouragé à arrêter, raconte-t-il. Je respecte surtout les interdictions quand des non-fumeurs me demandent de m’éloigner. »
Responsable d’organiser des patrouilles, la DPS prévoit des amendes allant de 85 $ à 335 $ pour les contrevenants. « Des avertissements sont émis et, en cas de récidive, nous demandons l’intervention des enquêteurs de la Direction de l’inspection et des enquêtes du ministère de la Santé et des Services sociaux », explique Mme O’Meara. L’UdeM n’a cependant pas été en mesure de fournir des statistiques sur le taux d’infractions ou le nombre d’amendes distribuées.
Les universités, chefs de file de la lutte antitabac
Pour le ministère de la Santé et des Services sociaux, les établissements de niveau collégial et universitaire ont un rôle critique à jouer dans la « dénormalisation » du tabagisme au Québec. « Chaque campus dispose d’une marge de manœuvre dans l’application de la loi à cause de la diversité des circonstances, nuance toutefois la conseillère scientifique de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) et professeure en psychologie à l’UQAM Annie Montreuil. Le but n’est pas nécessairement de faire payer les fumeurs, qui sont victimes de leur dépendance, mais de répandre un message par de la signalisation. »
Elle déplore le fait que le taux de fumeurs des 20 à 34 ans, évalué à 29 %, soit le plus élevé parmi tous les groupes d’âge. « C’est une période particulière de la vie, où se multiplient les occasions de commencer à fumer, par imitation, en réponse au stress lié aux études ou à la nouvelle liberté des étudiants quittant le domicile des parents », explique la chercheuse. Elle indique que la vague de durcissement des politiques antitabac au Québec, qui touche surtout les campus universitaires, prend les États-Unis comme modèle. Bon nombre d’universités au sud de la frontière se sont en effet déjà dotées de politiques semblables.
Pour sa part, l’UdeM, par sa politique antitabac actuelle, veut promouvoir la responsabilisation des fumeurs. Pour y arriver, elle mise sur la diffusion de campagnes promouvant l’abandon du tabagisme.
* Rapport du directeur national de santé publique 2017, Le tabagisme chez les jeunes adultes : Agir ensemble pour diminuer la prévalence.