Culture

La comédienne Yardley Alexis (à gauche) tient le rôle d’un des huit candidats à la chefferie du Parti populaire du Québec. (Photo : Benjamin Parinaud)

Quand le spectateur devient acteur

Cette mise en scène de Germain Pitre sera présentée au Centre d’essai de l’UdeM les 2 et 3 février prochains. À chaque acte, un des candidats à la chefferie du Parti sera éliminé par le public. « C’est pratiquement impossible de jouer deux fois le même spectacle, puisqu’il n’y aura que trois représentations », explique M. Pitre.

Les acteurs doivent mettre les bouchées doubles, précise le metteur en scène. « C’est l’équivalent d’une pièce de quatre heures, car il y a plus de la moitié du spectacle que le public ne verra pas, révèle-t-il. Il existe plus de 40 000 possibilités, mais on a créé un algorithme qui fait en sorte que si telle scène est éliminée, d’autres le seront aussi. »

L’étudiante libre Yardley Alexis tient le rôle d’une candidate. « Comme il y a beaucoup d’interactions entre les personnages, si je suis éliminée, ce n’est pas que mon jeu qui est affecté, mais celui des autres également, affirme-t-elle. Ils perdront donc quelques scènes. »

Un beau défi

« La pièce met le spectateur au cœur du spectacle », déclare l’étudiante au baccalauréat en littératures de langue française et comédienne Marie-Anne Morin. Par exemple, lors d’une conférence de presse, le public est invité à poser des questions aux aspirants chefs. C’est d’ailleurs l’unique scène d’improvisation dans la pièce, selon le metteur en scène. D’autres fois, ce sont les décors qui peuvent changer. L’acteur qui s’attendait à s’asseoir sur une chaise ne pourra pas le faire si le candidat qui devait l’amener a été éliminé plus tôt. « C’est un beau défi, puisque c’est nouveau, innovant, et c’est ce que je recherchais », ajoute Marie-Anne.

Une saine compétition

L’acteur et le personnage se mélangent dans cette pièce qui joue entre le réel et la fiction. « Nous sommes notre personnage, dit Yardley. Nous portons le même nom et le caractère de notre personnage est près du nôtre. »

En ce sens, le metteur en scène voit Théâtre extrême comme un jeu. « Personne ne veut être éliminé en premier, admet-il. Ils ont pratiqué beaucoup et désirent gagner la course. Il y a une différence entre se faire éliminer en tant que personnage et en tant qu’acteur. »

Les positions politiques des candidats sont diverses. Alors que certains pencheront à gauche, d’autres proposeront un programme plus à droite. « Est-ce que le public va voter par conviction ou pour un candidat magouilleur, mais qui donne un bon show ? », se demande M. Pitre.

Une pièce toujours d’actualité

Jouée en 2007 au Théâtre d’Aujourd’hui, puis en tournée à travers le Canada durant cinq ans, la pièce a dû être actualisée par l’auteur Jean-Guy Legault et par Germain Pitre. « Le texte initial abordait le scandale des commandites et ne parlait pas de la CAQ [Coalition avenir Québec] et de QS [Québec Solidaire], alors qu’aujourd’hui, il est inévitable d’en faire mention », soutient le metteur en scène.

Malgré ces changements, M. Pitre constate que les grands enjeux restent les mêmes. « On est encore en train de parler du système de santé qui fonctionne mal, de l’éducation, de la privatisation », énumère-t-il. Cette observation l’amène à se questionner sur les progrès qui ont été faits au cours des dix dernières années.

Théâtre extrême
2 février 2018 | 20 h • 3 février 2018 | 14 h et 20 h
Centre d’essai | 2332, boulevard Édouard-Montpetit, 6e étage
Prévente : Étudiant 7 $ | Rég. 10 $ • Porte : Étudiant 10 $ | Rég. 15 $


Reportage vidéo – Théâtre extrême, c’est quoi ?

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