La travailleuse autonome et détentrice d’un doctorat en sciences de l’éducation Marie-Paule Dessaint, qui donnera le cours « Donner du sens à sa retraite » à l’UTAM en janvier prochain, observe une réelle différence entre les générations. « Les jeunes veulent surtout avoir de bonnes notes, croit-elle. Ils sont poussés par des motivations futures et proviennent sensiblement du même milieu. » À l’inverse, on retrouve d’autres aspirations dans une classe plus âgée. « On peut sentir une certaine angoisse chez eux, parce que ça peut faire très longtemps qu’ils ne sont pas retournés à l’école, explique-t-elle. Ils s’attendent à ce que le professeur soit très bien préparé. »
Professeur de philosophie pendant 35 ans au Cégep de St-Jean-sur-Richelieu, Roger Larose fait partie du réseau d’enseignants de l’Université du troisième âge (UTA), un établissement similaire affilié à l’Université de Sherbrooke (US). Il y donne des cours de philosophie et d’histoire. Il explique que le système marche par antenne partout au Québec. « On ne peut pas faire n’importe quoi, c’est structuré, assure-t-il. Il y a un échéancier, un programme, les étudiants doivent être satisfaits de l’enseignement qu’ils ont eu. »
Toujours envie d’apprendre
Lors de ses séminaires, M. Larose remarque un phénomène transgénérationnel. « Les yeux qui s’illuminent, que tu aies 18, 20 ou 65 ans, et la volonté d’apprentissage restent les mêmes », confie-t-il. L’enseignant décèle tout de même une différence. « Il y a certainement plus de disciplines chez les jeunes, révèle le professeur. Pour les plus vieux, il y a plus de liberté. »
La classe représente un endroit où les différences n’ont plus lieu d’être, selon lui. « Au point de vue social, c’est unique, atteste-t-il. Des personnes qui s’assoient dans le même local et qui ne se seraient pas assises ensemble lorsqu’elles travaillaient. Tu peux avoir un juge à la retraite, des ingénieurs, des secrétaires, des femmes au foyer. »
Un programme en expansion
Le programme donné par l’Université du 3e âge de Québec, qui relève de l’Université Laval (UL), a pour objectif d’encourager les personnes de l’âge d’or à retourner aux études parfaire leurs connaissances générales, aux dires de sa coordonnatrice, Johanne L’Heureux. « La méthode d’apprentissage est bien différente, reconnaît-elle. Les évaluations et les crédits ne sont pas à l’agenda. »
L’UTAM sera inaugurée le 15 novembre prochain à Montréal. Officieusement, les étudiants sont déjà au travail. « Les cours ont commencé depuis le début du mois de septembre », précise Mme L’Heureux.
L’offre dans la métropole ne sera pas aussi grande que dans la capitale, confirme la coordonnatrice. « Le campus de Montréal va offrir de quatre à six cours », détaille-t-elle. Parmi ceux-ci, on compte des cours de langue comme l’espagnol et l’italien, ainsi que des cours pour mieux appréhender la retraite. À l’UTAQ, les disciplines vont de la musique à la physique en passant par des ateliers de création.
Les cours ne sont pas aléatoires et une certaine rigueur est assurée par l’université, selon la coordonnatrice. « Il y a des plans de cours, il y a une structure. Les professeurs suivent ce qui est annoncé, c’est quand même un programme universitaire », affirme-t-elle. L’idée, pour Mme L’Heureux, est de ne pas soumettre les étudiants à des évaluations. Ils bénéficient ainsi de plus de liberté tout en profitant d’une bonne structure pédagogique.