En vue de susciter le développement économique, le gouvernement provincial a inscrit à son budget 2016-2017 un financement de 2 M$ pour la rétention des étudiants internationaux. Cette somme a été répartie entre l’organisme Montréal International, qui s’est vu octroyer un montant de 1,6 M$, et le programme EntrePrism de HEC Montréal, qui a reçu 400 000 $.
L’initiative Je choisis Montréal se veut un intermédiaire entre les entrepreneurs et les étudiants. « On s’implique dans le projet parce qu’on a développé une expertise au niveau des talents internationaux, précise le directeur de la campagne, Mathieu Lefort. Chez Montréal International, on attire des entreprises étrangères, des organisations internationales, […] on organise des missions de travail à l’étranger. Cette expertise-là, elle existe ici depuis 20 ans. »
Forte de ses ententes avec des partenaires de milieux en croissance, comme ceux de l’aérospatiale et de l’intelligence artificielle, la campagne encourage les étudiants internationaux à découvrir le marché du travail montréalais. « Tous les étudiants du Grand Montréal qui sont dans un domaine pertinent, en lien avec un secteur où il y a des besoins en emploi, sont invités à nous rencontrer », explique M. Lefort. Il admet que les activités de la première année de Je choisis Montréal se concentraient surtout autour des secteurs d’emploi en demande.
EntrePrism de HEC Montréal, pour sa part, propose depuis 2015 une aide entrepreneuriale aux étudiants internationaux. Aux 400 000 $ s’ajoute un don de 2,5 M$ octroyé par la Fondation Mirella et Lino Saputo dans le cadre de la campagne de financement Campus Montréal.
S’adapter à son milieu d’adoption
Au-delà des perspectives d’emploi, certains étudiants désirent rester pour des raisons affectives. L’étudiante au DESS en environnement et développement durable Sophie Turri indique que son choix est basé sur sa formation universitaire, mais que son désir de rester vient de son expérience. « Ce sont le cadre de vie, les mentalités, la ville avec ses grandes routes, les nombreux espaces verts, les festivals, […] ce mélange d’Europe et d’Amérique », qui ont pesé dans la balance pour elle. De plus, Sophie croit que l’un des facteurs déterminants à la rétention est la connaissance du milieu.
L’organisme La Vitrine culturelle de Montréal, quant à lui, permet à ces étudiants d’accumuler des points tout en profitant de la vie sociale montréalaise. Des activités exclusives leur sont proposées afin d’élargir leur réseau de contacts, d’après la description se trouvant sur le site officiel. « L’enjeu qu’on entend souvent de la part des étudiants internationaux, c’est qu’ils n’ont pas nécessairement le même réseau, sur place, au début de leurs études », rappelle M. Lefort, dont l’organisme est partenaire.
L’université comme tiers
Les organisations souhaitant favoriser la rétention des étudiants étrangers abordent aussi le processus d’immigration. À l’UdeM sont proposées chaque trimestre deux formations organisées conjointement par Je choisis Montréal et le ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion afin d’outiller les demandeurs de statut de résident permanent. Lors de ces formations, le Centre étudiant de soutien à la réussite (CÉSAR) y présente également des ressources liées à la demande d’emploi.
Du côté du Bureau des étudiants internationaux (BEI) de l’UdeM, l’objectif n’est pas tant la rétention que la facilitation du séjour, selon son responsable, Neko Likongo. « On a le mandat de s’assurer que les étudiants internationaux aient les documents valides. De même, on assure l’aspect accueil et intégration, soutient-il. Tout ce qui est politique et qui concerne la rétention, on n’y touche pas vraiment, à moins qu’un partenaire comme Montréal International nous en fasse la demande explicite. »
En ce qui concerne les statistiques sur le taux de rétention des étudiants internationaux, l’équipe du BEI met un bémol. « Il y a certains étudiants étrangers qui viennent avec l’intention claire de repartir, spécifie le conseiller au BEI Frédéric Léveillé. Il y en a qui ont des bourses qui comportent une clause de retour dans le pays d’origine et qui les ont eu spécialement pour en faire profiter leur pays. »
M. Likongo ajoute que le seul moyen dont dispose le BEI pour aider à la rétention des étudiants étrangers est de s’assurer que ceux-ci restent aux études. « Quand un étudiant obtient sa citoyenneté, le lien est coupé, et il n’est plus considéré comme un étudiant international », conclut-il.
Au trimestre d’automne 2017, près de 79 % des étudiants internationaux inscrits au sein du réseau universitaire québécois ont choisi un établissement dont le pavillon principal se situe dans le Grand Montréal**.