Culture

La fresque « Murale » de Gérald Zahnd fait partie de la collection d'œuvres d'art de l'UdeM. (Photo : Jèsybèle Cyr)

Les œuvres de la métropole

Pour la diplômée du baccalauréat en histoire de l’art et de la maîtrise en urbanisme Marie-Josée Vaillancourt, la collection montréalaise est fascinante. « Le réseau de métro de Montréal est unique avec ses murales, ses vitraux et ses sculptures, se réjouit-elle. C’est un métro œuvre d’art. » Parmi les œuvres qui l’ont marquée, elle cite les murales de Leonard Cohen, dont une peut être observée au sommet du mont Royal. Elle apprécie aussi beaucoup le festival Art souterrain, qui a lieu annuellement en hiver.

D’hier à aujourd’hui

M. Dufresne explique qu’au fil des années, le processus de création a beaucoup évolué. « Avant, lorsqu’on créait un parc ou un bâtiment, l’œuvre d’art y était déposée à la toute fin, raconte-t-il. Aujourd’hui, l’artiste se trouve impliqué dans le processus, comme ce fut le cas lors de la création de la place des Frères-Charon. La place publique devient une intervention artistique, elle n’est plus simplement le lieu dans lequel un objet est déposé. »

Il n’y a pas que dans la manière de faire que s’opèrent des changements, puisque selon lui, le rôle de l’art public tend aussi à changer. « Nous avons une façon différente de l’aborder, croit le professeur. L’art public n’est plus seulement un élément décoratif, dans plusieurs cas. » Il donne en exemple l’œuvre Dendrites de Michel de Broin, placée à l’entrée nord de la station de métro Bonaventure. M. Dufresne la qualifie d’interactive, puisque la population est invitée à monter les escaliers et y admirer la vue. « Le Haricot à Chicago est un autre bel exemple d’une œuvre d’art public dont le rôle tient plus que de la simple décoration, poursuit-il. Grâce aux miroirs, c’est devenu un lieu ludique. » 

La professeure d’architecture Claudine Deom ajoute que la popularité de l’art public ne se dément pas. « Il y a de plus en plus de manifestations dans les rues, que l’on pense au festival Mural sur la rue Saint-Laurent ou à l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal, qui organise de nombreux concours pour améliorer l’espace public », dit-elle. Mme Deom mentionne également l’existence de la politique d’intégration des arts à l’architecture adoptée en 1961 qui oblige, lors de la construction d’un bâtiment public, de réserver 1 % du budget à la réalisation d’œuvres d’art.

Le Bureau d’art public de Montréal en compte plus de 315 à travers les parcs, places publiques, bibliothèques et maisons de la culture de la Ville, auxquelles s’ajoutent les collections de plusieurs institutions privées dont les universités, la Société de transport de Montréal et les musées.

L’art dans l’espace public
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L’art public selon En Masse
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Faculté de l’aménagement

Enseigner l’art public

Il n’y a pas de cours consacré exclusivement à l’art public à la Faculté de l’aménagement, mais le sujet est abordé lorsqu’il est question de design urbain et de conservation du patrimoine, d’après Claudine Deom. « C’est intéressant de sensibiliser quand l’occasion s’y prête, car quelles que soient les disciplines en aménagement, les étudiants seront sûrement confrontés à des œuvres d’art public, mentionne-t-elle. Par exemple, dans le cadre d’activités de recherche, nous avons produit un inventaire des œuvres d’art intégrées aux bâtiments à partir des années 1960. Dans mes cours, je parle donc des enjeux de conservation et des répercussions de la politique du 1 %. »

Michel Dufresne, qui donne des laboratoires-ateliers, abonde dans le même sens. « Les notions d’architecture du paysage et de design industriel sont pris en compte, incluant l’art public, précise-t-il. On ne peut passer à côté, car c’est une composante de plus en plus importante dans l’espace urbain. » Il souligne que l’art public permet à certaines villes d’attirer les touristes. « Ils prennent des égoportraits et grâce aux réseaux sociaux, cette destination devient un incontournable », constate-t-il.

De son côté, Marie-Josée regrette que la Faculté de l’aménagement ne traite davantage du sujet. « J’ai suivi un cours d’art in situ – une œuvre insérée dans son milieu – lors de mon bac en histoire de l’art, mais c’est un cours théorique, qui traite de la sociologie de l’art public, et non pas de sa gestion, raconte-t-elle. Je croyais qu’à la Faculté de l’aménagement, on nous apprendrait comment ça se passe sur le terrain, mais ce n’est pas le cas. »

Selon Mme Deom, un cours de 45 heures n’est toutefois pas souhaitable, puisqu’il n’y aurait pas suffisamment de contenu à couvrir.


 

 

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