Cette formation se justifie par des besoins spécifiques à la réalité des communautés autochtones, explique la coordinatrice des programmes de gestion en milieu autochtone à l’École nationale d’administration publique (ENAP), Michelle Jacob. « Il faut comprendre qu’un conseil de bande [NDLR : l’assemblée des élus qui gouvernent une communauté] gère des responsabilités beaucoup plus complexes que celles d’une municipalité », renchérit-elle. En plus des services de proximité et des infrastructures, un conseil de bande doit administrer la santé et l’éducation.
Un grand savoir-faire
Étudiante au programme d’administration publique, gestion en contexte autochtone, et membre de la direction des ressources humaines du Conseil de bande de Pessamit, Dora Bacon doit parcourir 400 km pour assister à ses cours à Québec. « Ils sont offerts en visioconférence pour permettre les interactions entre les étudiants répartis aussi à Montréal et à Sept-Îles, précise-t-elle. Étant moi-même membre de la Nation innue et ayant toujours vécu dans ma communauté, la question de gouvernance est d’actualité dans mon milieu », expose-t-elle à propos de ses motivations.
Dora souhaite en savoir plus sur des notions utiles à son emploi en ressources humaines et sur les divers ordres de gouvernement avec lesquels sa communauté doit collaborer. « La mixité des étudiants de différentes communautés est bénéfique au cours, avoue-t-elle. On peut retrouver des similitudes, mais aussi des différences dans le cadre sociopolitique. C’est très intéressant de partager ça entre nous. »
La collaboration est à la base même de l’initiative, selon Mme Jacob. « C’est l’occasion de mettre ensemble des gens qui travaillent en contexte autochtone, mais qui viennent d’horizons différents », soutient-elle. C’est une des raisons pour lesquelles le milieu autochtone a appuyé le projet.
Cette formation, qui n’offre qu’un cours à l’heure actuelle, se développera jusqu’à proposer une maîtrise complète. « Le défi sera de maintenir ça, avec un nombre suffisant d’étudiants, pour que les cohortes soient viables financièrement et pédagogiquement parlant », expose Mme Jacob. À court terme, l’objectif de l’ENAP sera de lever une cohorte d’étudiants à l’automne prochain et une suivante en 2019.
Le seul cours offert présentement l’est en formule intensive de trois blocs de deux jours. Il s’adresse tant aux administrateurs publics autochtones qu’à ceux travaillant en collaboration avec les communautés.
Faciliter l’accès aux études postsecondaires
Selon Statistique Canada, les Autochtones sont sous-représentés au niveau de la diplomation universitaire. Seulement 9,8 % d’entre eux en détienne un comparativement à 26,5 % pour les non-autochtones. Mme Jacob ajoute que plusieurs étudiants possèdent une solide expérience professionnelle sans que cela ne se reflète du point de vue scolaire. « On peut voir ça comme une mince contribution à la réconciliation », poursuit-elle.
Le programme est issu d’un partenariat entre l’ENAP, le Conseil en Éducation des Premières Nations (CEPN), l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) et l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT).