Volume 25

La FAECUM a invité les deux principaux candidats à la mairie de Montréal, Denis Coderre et Valérie Plante. (Photo : Thomas Martin)

Rechercher le vote étudiant

En 2013, moins d’un électeur sur deux s’est rendu aux urnes lors des élections municipales et en 2008, 30% des 18-35 ans ont voté*. Ce taux d’abstention reflète surtout un manque de compréhension des enjeux, selon l’étudiant au baccalauréat en science politique à l’UdeM Darcy L’Italien. « Je ne crois pas que les jeunes soient intrinsèquement moins intéressés par la politique, confie-t-il. Les gens ne savent pas exactement quelles sont les compétences de l’administration municipale et comment elles peuvent influencer leur vie quotidienne. »

L’étudiant au baccalauréat en science politique à l’UdeM Bruno Morin rappelle l’importance des élections municipales. « La municipalité est le palier de gouvernement qui est le plus proche de nous, rappelle-t-il. On discute de sujets comme l’eau, les déchets, les parcs ou les terrains de sport dans notre ville. »

C’est aussi un problème de mobilité, informe la chercheure postdoctorale au Centre pour l’étude de la citoyenneté démocratique (CECD) Valérie-Anne Mahéo. « Les jeunes sont aujourd’hui très mobiles, ils changent facilement de ville ou de quartier, affirme-t-elle. Il y a donc moins d’attachement et un plus faible intérêt. »

Renforcer la communication

Bruno fait du porte-à-porte pour les élections municipales dans la ville de L’Île-Perrot pour le candidat Pierre Séguin. Il constate que ces élections manquent aussi de visibilité dans les médias. « Si on sort de Montréal, il faut effectuer nos propres démarches pour accéder à l’information que l’on cherche. »

Le budget alloué n’est pas toujours suffisant pour effectuer une campagne de communication efficace, selon Mme Mahéo. Pour les municipalités de moins de 5 000 habitants, les dépenses électorales ne sont pas remboursées. Ce manque d’information n’est pas aidé par la forme même des élections municipales qui diffère de celle des provinciales. « Les campagnes municipales sont surtout organisées autour d’individus, expose-t-elle. Les candidats qui font campagne pour la CAQ [Coalition Avenir Québec] ou le PQ [Parti Québécois], lors des élections provinciales, ont une étiquette. Même si on ne connaît pas le candidat, on connaît le parti et on peut facilement trouver des informations sur celui-ci. Là, ce sont des individus. Il faut vraiment connaître leurs valeurs et leurs propositions. »

Renouer avec des enjeux évocateurs

La génération d’aujourd’hui souhaite que l’on aborde les enjeux qui la touchent, souligne Bruno. Pour lui, le cynisme est grandissant chez les jeunes car leurs idées semblent incomprises. « Les sujets importants comme l’environnement ne sont pas pris en compte par l’ancienne génération, dénonce-t-il. Entre 15 et 24 ans, il est rare qu’on ait une maison et qu’on doive payer des taxes. Les jeunes ne perçoivent pas l’intérêt direct des municipales. Il y a une culture démocratique à faire revivre dans le cas des jeunes. »

La postdoctorante estime qu’il y a des moyens concrets à mettre en place pour reconquérir le jeune électorat. « Il faut passer par des campagnes de communication, des incitations aux votes par la publicité, des campagnes plus ciblées, assuretelle. Dans les dernières années, on a par exemple vu des bureaux de vote dans les universités. »

Accroître l’engagement autrement

Pour Darcy comme pour Mme Mahéo, la sensibilisation devrait commencer dès l’enfance. Dans le cadre des élections municipales, cette dernière dirige un projet pilote au sein d’une école secondaire. Elle insiste sur la nécessité de former les jeunes au monde de demain. « Il faut faire des programmes plus en amont avec les enfants, propose-t-elle. On cherche à voir si on est capable d’intéresser les enfants à la politique et à ce qui se passe dans leur communauté. On met en place des activités interactives sur le ramassage d’ordures, sur le devenir et la protection des parcs. »

L’idéal serait de se placer au niveau des jeunes pour mieux comprendre leurs attentes, analyse Bruno. Il rappelle que le conseiller municipal est le politicien le plus proche des habitants et qu’il est possible de dialoguer personnellement avec lui.

* Source : Ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire

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