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Le Pigeon Dissident pourrait bientôt être dans l'obligation d'abandonner son édition papier.

Un pigeon qui bat de l’aile

Une chute des revenus publicitaires et une hausse des coûts de production ont forcé le journal à effectuer cette demande. En 2014, le cabinet d’avocats Heenan Blaikie a arrêté d’acheter de la publicité dans le journal, suite à sa dissolution. La Chambre des notaires a également retiré ses annonces du Pigeon en 2015.

Les coûts de production augmentent également chaque année, confie la directrice du Pigeon Dissident, Émilie Paquin. «L’imprimeur vient tout juste d’augmenter nos frais de 6 %, car le prix des matières premières a augmenté », explique-t-elle. Le journal devra, dans un avenir proche, se contenter d’un papier de moins bonne qualité afin de contrer cette hausse.

Lors de l’assemblée générale de l’AED du 4 octobre où a été présenté le projet de hausse de cotisation, il a été proposé d’éliminer le papier et de se tourner entièrement vers le Web. Cependant, selon le directeur de la publicité du journal et ancien trésorier, Nicolas Thiffault-Chouinard, il serait plus difficile pour le journal de rejoindre son public si l’édition papier disparaissait. De plus, Nicolas pense que ce virage nécessiterait l’achat de publicité sur le Web afin d’augmenter la visibilité du journal en ligne et en faire la promotion auprès des lecteurs potentiels.

L’influence des initiations de 2016

Selon ce qu’a pu observer Émilie lors de l’AG, il y a eu beaucoup de réticences en raison des répercussions qu’a eues l’article « La bière est amère » publié le 20 septembre 2016. Ce dernier dénonçait le machisme d’une activité d’accueil pour les nouveaux étudiants de la Faculté de droit, et l’information avait rapidement été relayée par La Presse. Le gouvernement provincial avait également réagi en suscitant une réflexion sur le rôle et la place des initiations.

Certains étudiants soutiennent néanmoins le journal. L’étudiante au baccalauréat en droit Camille Boulianne voit le journal d’un bon œil et le considère important. « Ça représente l’opinion étudiante et celle des professeurs aussi », pense-t-elle.

C’est un avis que partage également un autre étudiant en droit, Vicente Guzman Barra. « Il est bien écrit, pour ce que j’ai pu en voir, constate-t-il. Je trouve que les gens qui écrivent dedans ont l’air d’avoir fait leurs recherches. »

Pour la directrice du journal, se distancer de la Faculté de droit n’est pas bien perçu par les membres. «Les gens ont peut-être peur d’être de notre côté, parce qu’au lendemain de l’AG, j’ai reçu des messages de soutien, révèle-t-elle. Il y en a qui sont pour, c’est juste que ces gens ne parlent pas toujours. »

Le constat est le même pour Nicolas, qui croit que les initiations de 2016 ont entaché la réputation de la Faculté de droit. « Depuis qu’on a publié l’article “La bière est amère”, les gens sont très peu contents, affirme-t-il. Ça a jeté de l’ombre sur la Faculté et sur la valeur des diplômes. C’est gênant, ça les associe à quelque chose. » Il exprime une crainte soulevée en AG selon laquelle il serait depuis lors plus difficile pour les étudiants de la Faculté de trouver un stage.

Les cabinets de droit des affaires Lavery et Sodavex ont cependant affirmé que les événements de l’an dernier rapportés par l’article n’ont en rien entaché la réputation de la Faculté, ni celle des diplômes qu’elle délivre. Ils se basent principalement sur les notes des personnes candidates et sur le succès de leur entretien d’embauche pour retenir leur candidature.

L’enjeu de l’augmentation de la cotisation n’a pu qu’être effleuré et le vote a dû être reporté, comme le mentionne Nicolas. « Pour augmenter notre cotisation, il va falloir faire une assemblée générale spéciale, ce qu’on a appris trop tard », explique-t-il. La date de cette prochaine rencontre reste encore à déterminer.

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