Bien qu’il ne s’agisse pas du but premier de son livre, cette nomination a été l’occasion pour Roxane de rejoindre un public différent. « Je n’écris pas en fonction du lectorat, je me pose plus tard la question de comment les livres vont trouver leurs lecteurs, confie l’écrivaine. Je trouve ça bien qu’il ait été traité en librairie comme un livre de fiction pour la jeunesse. Ce n’est pas forcément évident pour un lecteur adolescent d’aller fouiller dans la section poésie ni même pour un libraire de recommander le deuxième livre d’une poète. »
L’auteure s’est d’abord illustrée grâce à sa poésie, notamment avec son recueil Ciseaux, paru en 2014 et lauréat des prix Émile Nelligan et Félix Leclerc. Elle a ensuite décidé de trouver une autre manière d’explorer ses sujets de prédilection au cours de ses études supérieures en recherche-création. « Au moment de débuter ma maîtrise, mon premier livre n’était pas encore sorti et c’était inconcevable d’essayer de nommer les questions que j’essayais de traiter intuitivement, racontetelle. Cela me prenait donc un projet qui serait peut-être moins intuitif, mais plus réfléchi dans sa forme, même si cela a beaucoup évolué depuis mon mémoire. »
Roxane qualifie Moi qui marche à tâtons dans ma jeunesse noire de roman hybride et expérimental. Entièrement écrite à la main, l’œuvre utilise beaucoup l’espace de la page blanche, les mots se fraient un chemin à travers des cases pleines de jeux de typographie et de disposition, tandis que les phrases suivent un peu la narration d’une bande dessinée.
Le livre aborde les ennuis, les inquiétudes et les bonheurs qui caractérisent l’adolescence. On y retrouve un grand travail d’intertextualité, avec entre autres les mots des poètes Hector de Saint-Denys Garneau et Gaston Miron, ainsi que ceux, particulièrement importants, de la chansonnière Barbara.
Pour son prochain livre, prévu pour l’hiver 2018, Roxane retournera à une forme plus proche de la poésie.