Culture

La professeure de trompette et trombone Émilie Fortin dirigeant des étudiants de l'orphelinat. (Photo: Courtoisie Ambassadeurs OF)

Des musiciens à Haïti

Mise sur pied sous la forme d’un camp d’art en 2015, l’initiative s’est recentrée sur la musique dans les deux dernières années. Pendant les deux semaines que dure le camp musical, les journées des professeurs et des élèves sont bien remplies. Plusieurs cours de groupe et de théorie s’ajoutent aux cours individuels et aux pratiques personnelles supervisées par les professeurs, en vue de donner aux jeunes de bonnes bases. À la toute fin, un concert est organisé dans l’intention d’encourager les jeunes à persévérer dans cette voie, ce qui améliore beaucoup leur confiance en eux, selon l’équipe professorale.

Si enseigner la musique à 85 jeunes Haïtiens a posé quelques problèmes d’adaptation aux professeurs, ce n’est rien comparé à la satisfaction qu’ils retirent de cette expérience. « Nos techniques d’enseignement sont très différentes des leurs et ils ne sont pas tous réceptifs à ces méthodes, confie la professeure de clarinette et de saxophone Élisabeth Provencher. Je suis cependant très fière de mes élèves, ils apprennent très vite. »

Plusieurs professeurs considèrent que le contact avec ces jeunes issus d’une autre culture a permis l’évolution de leurs pratiques d’enseignement. « Cette expérience m’a apporté beaucoup d’outils pour faire face à différents types d’élèves et de situations », explique la professeure de trompette et de trombone Émilie Fortin. Elle en retire également le désir de ralentir quelque peu le rythme effréné de la vie nord-américaine.

Plusieurs défis

En plus de la barrière de la langue causée par le créole parlé très vite, le passé plutôt lourd de certains élèves conduisait parfois à de l’incompréhension. « Comme dans tous les milieux, il y a des enfants plus enclins à s’investir et d’autres, plus récalcitrants, raconte la coordonnatrice du projet et professeure de flûte Lélia Lemay. Toutefois, à Haïti, il nous est plus difficile de comprendre puisque nous n’avons pas vécu la moitié des expériences de vie qu’ont traversées ces enfants ».

Les différences culturelles entre les professeurs et leurs élèves ont aussi représenté un défi important. « Notre mode de vie prévu à la minute près n’est pas typique du leur, donc la discipline est un défi à relever, raconte Émilie. Face à une classe de plusieurs élèves, il faut être très patient et développer un esprit d’entraide entre les plus avancés et les autres. » Avec le temps, les jeunes professeurs ont malgré tout réussi à interagir avec tous les enfants et ils s’y sont énormément attachés.

Le futur est en marche

Au cours des prochaines années, le projet Jeunes Artistes devrait continuer de se développer. « L’initiative est amené à grandir, non seulement en Haïti, mais également à travers d’autres endroits francophiles », explique Lélia Lemay.

Les Ambassadeurs O. F. souhaiteraient également former les professeurs locaux et espèrent un jour recruter les meilleurs éléments et les inciter à passer les auditions de l’Orchestre de la Francophonie. « C’est un jeune projet et nous avons de grandes ambitions », conclut Lélia. Tous les professeurs semblent d’accord pour continuer de participer et de s’investir activement afin de pérenniser le projet.

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