« Que l’on soit exposant ou que l’on participe à la conception et à l’organisation d’une exposition, l’expérience est, en milieu académique, une excellente occasion d’apprentissage », note le professeur à la Faculté d’aménagement et commissaire délégué Georges Adamczyk. Il s’agit d’une opportunité, pour l’étudiant, de voir ses travaux remarqués en attirant l’attention des médias spécialisés ou par l’entremise des prix accordés aux exposants. D’ailleurs, comme en témoigne le nombre croissant de biennales d’architecture, l’exercice de l’exposition en lui-même revêt de plus en plus d’importance selon le professeur.
Dans une tradition remontant aux écoles des beaux-arts au XIXe siècle, la majorité des programmes d’écoles d’architecture et de design présentent des travaux étudiants par le biais d’une rituelle exposition ouverte au public. « Ce n’est pas obligatoire, mais extrêmement recommandé, confirme la diplômée en design d’intérieur à l’UdeM Katherine Blondin, qui a exposé en mai 2016. Il s’agit d’un pont entre l’école et le domaine professionnel. »
Un pas vers la pratique
L’étudiant à la maîtrise en architecture de paysage Pierre-Luc Tranclé-Armand a lui aussi exposé et participé à l’organisation de l’exposition des finissants l’an passé. Son projet portait sur l’aménagement des abords du Collège Laval. « Nous avons été en contact avec la Ville tout au long du développement de notre étude, explique-t-il. C’est un premier pas vers la pratique, mais nos idées n’ont pas été concrétisées. » Il lui a ensuite fallu vulgariser son idée par une présentation visuellement intéressante et la plus claire possible. Les finissants exposent leurs projets sur des affiches reprenant les plans, les perspectives, des images montées par ordinateur et, bien sûr, des notes textuelles explicatives.
Ce qui intéresse souvent le public dans les projets des étudiants, est leur dimension sociale. Ils peuvent porter sur un centre culturel, une bibliothèque, des espaces nocturnes. « Exposer en architecture et en design permet de briser la distance entre le travail des concepteurs et le public en général », remarque Pierre-Luc. Selon lui, il est nécessaire pour les étudiants architectes d’apprendre à prendre du recul et à se confronter aux échanges critiques.
Au-delà de la conception
Pour Pierre-Luc, toutefois, l’organisation de l’exposition s’est révélée plus éprouvante, et plus formatrice encore, que la seule présentation de ses travaux. « C’était beaucoup de fatigue, mais énormément de fierté à la fin », se souvient-il. L’exposition étant en grande partie autogérée par des étudiants volontaires, Pierre-Luc a réalisé une multitude de tâches allant de la promotion de l’évènement à l’aménagement du mobilier, en passant par la recherche de financement. « Cela m’a confirmé dans mon idée de m’orienter vers la gestion de projets, souligne-t-il. J’ai beaucoup appris également sur le travail en équipe et la gestion des problèmes. Il faut savoir faire remonter ce qui ne va pas et composer avec des gens parfois moins volontaires que d’autres. »
Participer aux recherches pour une exposition, comme l’a fait le doctorant en histoire de l’art à l’Université du Québec à Montréal Jonathan Lachance pour la rétrospective Une architecture du Québec moderne, peut être l’occasion d’enrichir ses idées. « J’ai pu accéder à des collaborateurs de haut niveau, comme le professeur Adamczyk, se réjouit-il. Et on commence à m’appeler pour me demander de collaborer sur de nouveaux projets d’expositions. » Une dynamique bénéfique pour le rayonnement artistique et scientifique de l’école comme pour celui de ses étudiants. L’exposition Une architecture du Québec moderne 1958 – 1974: Papineau, Gérin-Lajoie, Le Blanc voyagera prochainement à travers le Québec, l’Ontario et l’Ouest du Canada.
L’expérience concrète d’une exposition constitue une forte base sur laquelle les étudiants de tous les cycles peuvent s’appuyer lors de leur entrée dans le monde professionnel.