Le commissaire de l’exposition, Nicholas Herman, décrit la préparation de l’exposition comme une enquête qu’il lui fallait mener à tout prix. « Nous ne savions même pas quand le Département est véritablement né », confie-t-il. L’exposition retrace le parcours du Département depuis sa genèse jusqu’à ce jour, s’arrêtant sur les différents moments forts ayant ponctué son histoire.
Plusieurs étudiants ont été impliqués dans le processus de recherche d’archives documentaires, ce qui leur a permis de découvrir une histoire jusqu’à récemment plutôt méconnue. « Le Département n’a pas une très bonne connaissance de son histoire, avoue l’étudiant au doctorat en études cinématographiques Olivier Tremblay, qui a participé à la recherche d’archives documentaires pour l’exposition. On s’est rendu compte par hasard que c’était le cinquantième anniversaire en remplissant un document administratif ! »
Une exposition révélatrice
Dès ses débuts, le Département, fondé par le réfugié juif-allemand et grand collectionneur d’art Lewis V. Randall, s’est distingué en conjuguant histoire de l’art et études cinématographiques, une discipline qui n’était pas encore reconnue à l’époque. « On serait les premiers au Canada à avoir eu un programme d’études dédiées au cinéma, rapporte Olivier. On s’est rendu compte qu’il y avait un historique qui résonne avec la tendance interdisciplinaire actuelle qui tente de rapprocher le cinéma et les arts. » Selon M. Herman, c’est une découverte qui a beaucoup enthousiasmé ses collègues tant en histoire de l’art qu’en cinéma, car cela a confirmé la double identité du Département.
En épluchant des milliers de diapositives d’époque dans le cadre de la recherche d’archives, l’étudiant au doctorat en histoire de l’art Mathieu Boivin se dit quant à lui fasciné de constater à quel point le regard sur l’oeuvre a changé en 50 ans. « On retrouve une grande présence des tableaux et beaucoup moins de sculptures, tandis que le dessin est presque totalement absent, note-t-il. On peut percevoir qu’il y avait vraiment une hiérarchie des oeuvres, chose qu’on essaie aujourd’hui de décloisonner. »
Après une visite de l’exposition, l’étudiant au baccalauréat en cinéma Axel Torre trouve intéressant de découvrir l’histoire de celui qui est à l’origine du Département, malgré une impression de manque. « On ne voit pas trop les influences des professeurs et c’est dommage de ne pas voir l’évolution du département, mais seulement sa naissance, partage-t-il. Cependant, les étudiants devraient s’intéresser à cette exposition pour se renseigner sur comment on est arrivé à un programme tel qu’on a maintenant. »
Devoir de mémoire
Le récit des débuts du Département aurait pu ne jamais voir le jour si le commissaire Herman n’était pas tombé par hasard sur Sylvia Randall-Sheperd, fille de L. V. Randall, alors qu’il était postdoctorant à l’UdeM. Cette rencontre a motivé la constitution de l’exposition. « L’histoire n’existe pas si on ne l’écrit pas, si on ne la recherche pas, si on ne s’interroge pas sur pourquoi et comment on est là », déclare M. Herman. Pour que le présent ne sombre pas lui non plus dans l’oubli, M. Herman rappelle l’importance d’écrire l’histoire récente pour qu’elle continue d’exister.
50 ans d’histoire de l’art : L.V. Randall et les origines d’un département
Carrefour des arts et des sciences | Jusqu’à février 2017 | Entrée libre