Culture

Le professeur au Département d’études cinématographiques Germain Lacasse lors de son cours Cinéma documentaire. Crédit photo : Mathieu Gauvin.

Le documentaire d’aujourd’hui

«Les trois quarts de l’histoire du cinéma québécois ont été marqués par le documentaire jusqu’aux années 1980, déclare le professeur au Département d’études cinématographiques de l’UdeM Germain Lacasse. Et cela se reflète encore dans le cinéma d’aujourd’hui. » D’après M. Lacasse, les documentaires sont toujours aussi présents dans le monde du cinéma, mais une différence est notable. « La distribution de ces films est beaucoup plus fragmentée qu’auparavant, constate-t-il. Aujourd’hui, si les films peuvent être vus par des spectateurs à travers le monde, c’est plus grâce aux plateformes numériques. »

Un avis partagé par l’étudiant au baccalauréat en sociologie et passionné par le documentaire Julien Beaumier, qui constate un engouement de la part du grand public pour le style documentaire. « On est toujours bombardé d’informations journalistiques chaque jour, affirme-t-il. Et j’ai l’impression que certaines formes de documentaires humanisent ces informations et permettent ainsi de mieux les comprendre. » C’est d’ailleurs cet aspect à la fois vivant et pédagogique du documentaire qui l’a amené à s’intéresser à ce domaine.

M. Lacasse souligne également qu’un plus grand nombre de documentaires sont réalisés chaque année, puisque les moyens pour les produire sont moins coûteux.

Les festivals, une porte d’entrée

Après avoir réalisé un court-métrage documentaire dans le cadre de l’un de ses cours, l’étudiant au baccalauréat en études cinématographiques Nicolas Therrien s’est découvert une passion. Pour lui, le documentaire permet de rejoindre le public d’une autre manière que la fiction. Il estime d’ailleurs que les festivals demeurent un bon compromis pour les réalisateurs émergents qui cherchent à se faire connaître. « C’est vraiment un endroit où l’on peut voir des films de la relève, ça attire des gens du domaine et de nouveaux spectateurs qui découvrent de nouveaux réalisateurs », dit-il.

Le diplômé en droit de l’UdeM et documentariste Jean-François Lesage a remporté le grand prix de la compétition nationale de longs métrages aux RIDM 2015 avec son documentaire Un amour d’été. Pour lui, le fait d’avoir son film sélectionné à un festival est une première victoire. « Ça donne un peu de visibilité par la suite, mais pas tant que ça, admet-il. Par contre, juste le fait d’avoir l’opportunité de montrer ses films et d’être sélectionné à un festival, c’est quelque chose de précieux. »

Une esthétique redéfinie

Si le documentaire se voit souvent associé à sa forme traditionnelle d’enquête, il existe pourtant sous une multitude de formes. Jean-François Lesage désigne justement ses films comme étant des documentaires de création. « Mon matériel, c’est le réel, c’est du vrai monde, de vraies conversations, déclare-t-il. Quand j’entre dans la vie des gens, j’ai le goût de construire un univers avec ça, avec de la musique, des poèmes et de me donner toute la liberté de mettre de l’imagination là-dedans. »

Il ajoute que dans ses documentaires, viser un marché cible n’est pas sa priorité. « Je réalise des films en fonction de mes champs d’intérêt avant de penser qui je rejoins, souligne-t-il. Il y a plus de chances de se casser la gueule en ne suivant pas ses passions qu’en les suivant. »

Pour Germain Lacasse, ce renouvèlement de l’esthétique documentaire est une excellente chose. « S’il y a autre chose de plus travaillé, de plus esthétique, cela devient plus attrayant », déclare-t-il. Il ajoute également que ce format permettra peut-être au documentaire de retrouver une place dans les médias et auprès du grand public.

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