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Une chaire pour comprendre le rapport entre émotions et opinions politiques

« En politique, il ne faut pas sous-estimer l’importance des émotions, comme la haine, la peur, la colère et l’empathie, a expliqué la professeure au Département de science politique à l’UQAM et titulaire de la Chaire de recherche stratégique en psychologie politique de solidarité sociale, Allison Harell. Celles-ci interagissent avec les processus cognitifs dans la formation des opinions politiques. »

Depuis 15 ans, la diversité est davantage représentée comme une menace pour la cohésion entre les citoyens au sein de la société, selon la professeure. Plusieurs discours politiques défendent une certaine homogénéité et entretiennent des sentiments de méfiance et de peur à l’égard de l’autre (le nouvel arrivant, l’étranger…), analyse-t-elle. D’après le plus récent rapport de l’ONG Southern Poverty Law Center, les groupes incitant à la haine envers les minorités ont aussi augmenté de 2014 à 2015 aux États-Unis, passant de 784 à 892.

Partant de ces constats, Mme Harell a souhaité s’intéresser de plus près à la solidarité sociale. Cette nouvelle chaire de recherche étudiera le soutien accordé aux valeurs et aux attitudes démocratiques dans les pays postindustriels, principalement au Québec et au Canada. « Je cherche à comprendre quelles sont les bases individuelles et interpersonnelles de la solidarité sociale, et s’il est possible de créer un ?nous? cohésif dans des sociétés caractérisées par la diversité ethnique, culturelle, religieuse et sexuelle », fait-elle remarquer.

Politiques émotives ?

En science politique, un courant de pensée émergent analyse les sources psychologiques de la solidarité et l’influence des émotions sur les attitudes ou jugements politiques des personnes. La Chaire s’intéressera donc aux perceptions des citoyens : quelle image ont-ils de l’autre ? Les réponses devraient leur permettre de mieux comprendre les valeurs associées à la solidarité sociale. « On peut aussi se demander dans quelle mesure les sentiments, par exemple la colère ou la peur, peuvent servir de déclencheurs pour conduire des individus à se sentir plus ou moins concernés par certains enjeux sociaux et politiques, à s’impliquer ou, au contraire, à se désengager », conclut Mme Harell.

La professeure a aussi récemment créé le Laboratoire de communication politique et d’opinion publique, rattaché à cette chaire. Celui-ci servira à analyser des documents écrits et audiovisuels, des statistiques et des sondages, etc. Il permettra de développer une approche plus expérimentale, en mesurant par exemple les réactions physiques à la réception de messages, comme la lecture d’articles ou la visualisation de reportages télévisés. Cela permettra, selon la professeure, de comprendre les liens entre les émotions et leur influence sur l’opinion politique.

 

Source : Actualités UQAM

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