Volume 23

La conférence du 21 février se tiendra de 12 h à 13 h 15. Photo: Sarah Bouchaib

Rouler pour décompresser

«Je n’arrivais pas à faire du sport tous les jours, c’était loin et je reportais sans cesse », explique l’étudiante au baccalauréat en génie chimique à Polytechnique Montréal Carolina Yanez, originaire de l’Équateur, où la température moyenne avoisine 22 °C toute l’année. Elle a commencé à se rendre sur le campus en vélo l’été et s’est prise au jeu, malgré les premiers flocons.

Le vélo est un transport actif et un moyen de locomotion fiable, selon le directeur au Département de mathématiques et de génie industriel, Pierre Baptiste, qui se rend chaque jour à l’Université à bicyclette. « On est complètement indépendant des problèmes qu’il peut y avoir, comme les travaux », illustre-t-il.

Le doctorant en physique et coordonnateur à la recherche universitaire de la FAÉCUM, Nicolas Bérubé garde aussi son vélo d’occasion toute l’année. « Ça me tient en forme et c’est rapide, surtout en temps de grosse neige lorsque la circulation automobile et le transport en commun sont paralysés, soutient-il. Et puis ça me permet d’économiser des centaines, voire des milliers de dollars par année. » Pour Nicolas, son vélo remplace un abonnement de transports, mais aussi la salle d’entraînement.

Pour parer aux intempéries, Carolina porte un masque de protection et se couvre bien les oreilles. « Il est aussi important d’avoir des lumières avant et arrière, pour rester visible », ajoute-t-elle.

Quant à M. Baptiste, il utilise des vêtements coupe-vent, qu’il enfile par-dessus son costume. « J’ai un vélo spécial pour l’hiver avec des pneus cloutés et j’utilise une huile très grasse que j’applique toutes les deux semaines sur la chaîne afin qu’elle ne gèle pas », décrit-il.

Lutter contre la déprime

Le cyclisme permettrait aussi de combattre la déprime hivernale, selon le professeur au Département de kinésiologie de l’UdeM Dave Ellemberg. « Cela s’appelle la léthargie, causée par le manque de soleil et donc de lumière, indique-t-il. L’exercice physique diminue ces éléments de dépression en augmentant les facteurs neurochimiques en lien avec le bien-être, comme les endorphines, les neurotransmetteurs et la sérotonine. »

De son côté, Carolina estime que le vélo lui permet d’aborder plus sereinement sa journée de cours. « Aller à Polytechnique, c’est beaucoup d’anxiété, ça me fait du bien d’avoir une façon d’y aller tranquillement et cela me donne de l’énergie », précise-t-elle.

D’après M. Ellemberg, l’activité produit son effet boule de neige : augmentation du rythme cardiaque et du taux d’oxygène dans les poumons et le sang, et répercussions positives sur le cerveau et ses capacités cérébrales. « Après une trentaine de minutes d’activité, les gens ont une meilleure capacité de concentration, explique-t-il. Le travail en classe sera de meilleure qualité puisque les fonctions exécutives du cerveau sont améliorées. »  Or, ces fonctions sont directement impliquées dans la gestion et l’organisation de l’information, selon le professeur.

Pour M. Baptiste, il s’agit aussi de préserver sa forme physique. « Je le fais pour des raisons de santé et pour le plaisir, comme ça, je n’arrive pas stressé au travail », s’exclame-t-il.

M. Ellemberg estime pour sa part que la pratique d’une activité extérieure permet d’absorber de la vitamine D, transmise par le soleil, et dont la carence dans les pays nordiques peut causer certaines maladies, comme la sclérose en plaques.

« Cela me permet d’être moins enfermée pendant l’hiver, je pense que c’est très important de passer du temps dehors », juge Carolina. La jeune femme considère aussi comme un défi personnel le fait de monter la pente qui conduit vers Polytechnique chaque jour. Nicolas, lui, compare son expérience à un moment en planche à neige aux Laurentides, les frais à payer en moins.

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