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La campagne des Oscars

Les Oscars sont remis par l’Académie des arts et des sciences du cinéma, un organisme américain rassemblant les professionnels de l’industrie cinématographique — aussi bien les réalisateurs que les monteurs, les comédiens que les agents artistiques. Ces 6000 membres au total proviennent essentiellement d’Hollywood, ce qui explique la fréquente domination des productions de Los Angeles lors des Oscars… Autant sélectionner des films dans lesquels on a travaillé.

Sélectionner c’est bien, récompenser c’est mieux. Pour obtenir la précieuse statuette, il ne suffit pas d’attendre les bras croisés. Ceux qui s’intéressent à la politique ou qui regardent la série House of Cards connaissent la recette : il faut faire campagne. Outre s’acheter des encarts publicitaires, il faut serrer des mains, organiser des cocktails et des projections privées. Bref, s’assurer que tous les membres ont bien vu votre film et surtout qu’ils l’ont aimé. Souvent, des amis influents et un restaurant gastronomique peuvent aider à rendre un film populaire, comme cette charmante réception organisée par Universal pour les membres de l’Académie au restaurant ultra-chic Nabu West, à Los Angeles, peu de temps avant les Oscars de 2010.

L’homme aux mille statuettes

Évidemment, tout cela coûte de l’argent. On évalue à cinq millions de dollars US le prix moyen d’une campagne aux Oscars. Si c’est plus que le budget de votre film, laissez tomber. Et surtout, si vous ne connaissez personne, faites-vous des amis! Hollywood est l’empire des lobbyistes en tout genre. Connus pour avoir produit les premiers films de Quentin Tarantino, Steven Soderbergh ou Michael Moore, les frères Harvey et Bob Weinstein y sont les maîtres en leur domaine. Tour à tour producteurs et distributeurs, ils connaissent la recette par cœur. C’est en partie grâce à eux, au bagou d’Harvey, le médiatique du duo, et à leur 12 millions de dollars investis que le film français The Artist a eu une avalanche de récompenses en 2011. Surnommé « l’Homme aux mains d’argent », véritable Midas du cinéma, on raconte que tout ce que touche Harvey Weinstein se transforme en Oscar.

En général plutôt adepte de films européens quand il s’agit de productions étrangères, Harvey Weinstein s’est cependant intéressé à un film québécois, Les Invasions barbares de Denys Arcand. En 2004, ce fut le premier film québécois (et le dernier, jusqu’à présent), à obtenir l’Oscar du meilleur film en langue étrangère. Il y a eu d’autres nominations de films québécois, trois années de suite, avec Incendies (2011), Monsieur Lazhar (2012) et Rebelle (2013), mais aucun Oscar. Cette fois-ci, pas de Weinstein dans le bac à sable mais son remplaçant, Sony Pictures Classics. Aussi indépendante que son nom l’indique, cette firme s’est fait une spécialité dans la distribution de films étrangers. Malheureusement, ces fois-là, elle était dans le camp d’en face. En 2011, 2012 et 2013, les films québécois ont perdu dans la course à l’Oscar face à un film distribué par Sony Pictures Classics. Hasard ou coïncidence, à vous de juger. Toujours est-il que, cette année, la société distribue un film en lice pour cet Oscar : Le Fils de Saul de László Nemes. Les paris sont ouverts.

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