« On est là pour dire aux personnes qui ont des pensées suicidaires que le suicide ne doit pas être une option, qu’il y a toujours d’autres solutions, explique l’étudiante à la maîtrise en psychoéducation et bénévole au sein de Suicide Action Montréal depuis le printemps dernier Maude Cournoyer. On veut envoyer un message d’espoir aux appelants. »
Maude a travaillé dans un collège privé comme intervenante après avoir validé un baccalauréat en sexologie. « J’ai rejoint Suicide Action Montréal comme bénévole, car le contact avec les gens me manquait et la problématique du suicide me touche, » précise-t-elle. Elle occupe également un poste d’intervenante, rémunéré, chez Jeunesse J’écoute, un organisme dédié aux jeunes de moins de 20 ans et qui s’occupe de toutes les problématiques touchant à leur bien-être.
L’étudiante au baccalauréat en service social Marie-Hélène Savard travaille également à Jeunesse J’écoute depuis plus de cinq ans. Travaillant de nuit, elle reçoit régulièrement des appels de personnes qui ont des pensées suicidaires. « Parfois ces jeunes s’ouvrent beaucoup, ils crient, ils pleurent, ils nous communiquent l’injustice qu’ils ressentent, raconte-t-elle. L’efficacité de nos interventions dépend en partie de l’ouverture de la personne. On lui dit souvent que si elle nous a appelés, c’est que, d’une certaine façon, elle ne veut pas mourir. »
Jeunesse J’écoute dispose également d’un système de clavardage en ligne, qui permet aux jeunes d’entrer en contact direct et confidentiel avec un intervenant. « Certains jeunes se confient plus facilement sur cette plateforme, car elle offre un sentiment d’anonymat encore plus grand », note Marie-Hélène.
Un travail exigeant
En plus de leur formation en sciences sociales et de leurs expériences respectives, les deux étudiantes ont reçu une formation offerte par leurs organismes. Jeunesse J’écoute fait suivre à ses intervenants la formation appliquée en techniques d’intervention face au suicide (ASIST). Les intervenants de Suicide Action Montréal s’appuient notamment sur une approche orientée vers des solutions et sur une grille d’évaluation des urgences suicidaires afin de poser les questions qui permettront d’évaluer précisément le risque.
Le travail est parfois éprouvant, selon les deux jeunes femmes. « On est confrontés à la souffrance des gens au bout du fil, on est là pour entendre leur détresse, rappelle Maude. Certains appels peuvent être difficiles quand on sent le désespoir de la personne et qu’on a de la difficulté à soulever quelque chose chez elle. »
Les deux étudiantes retirent surtout du positif de cette expérience. « Je me sens utile dans une salle d’intervention, confie Maude. C’est stimulant quand on sent que la personne fait un petit pas en avant et que notre conversation est peut-être en train de changer quelque chose en elle. » Même s’il arrive que des personnes appellent plusieurs fois, les intervenants ne peuvent toutefois pas utiliser des éléments de leurs précédentes conversations, car les appels sont anonymes. Parfois, ils orientent les appelants vers des structures qui offrent un suivi, comme les hôpitaux.