«C’est sûr que je crains de me retrouver avec des élèves en difficulté majeure dans mes groupes de science à cause de toutes les coupes, explique l’étudiante au baccalauréat en enseignement des sciences au secondaire Andréanne Charbonneau. Je ne me sens pas formée, du moins pour l’instant, pour gérer ces cas. » Elle appréhende notamment le manque de ressources consacrées aux élèves en difficulté.
« Je crains un début de carrière assez précaire », avoue quant à elle l’étudiante au baccalauréat en éducation préscolaire et enseignement au primaire Rosalie Collins. Comme beaucoup de jeunes enseignants, elle risque de travailler longtemps sans sécurité d’emploi avant d’obtenir un contrat permanent.
Le professeur au Département de sociologie de l’UQAM Pierre Doray comprend que les étudiants manifestent une certaine inquiétude sur la qualité et la pratique de l’éducation. Selon lui, les coupes en éducation sont effectuées sans prendre en considération les problématiques et les besoins sur le terrain. « Les ressources dont disposent les acteurs du milieu de l’enseignement sont déjà moindres par rapport à ce qu’ils devraient avoir », estime-t-il.
Associations sur le qui-vive
Depuis l’automne dernier, les syndicats manifestent contre les politiques d’austérité du gouvernement provincial, réclamant, entre autres, un réinvestissement massif en éducation. « Les étudiants suivent les syndicats, car ça touche leur future profession », affirme le président de l’Association générale des étudiants en éducation de l’UdeM (AGÉÉÉ) et étudiant au baccalauréat en enseignement en adaptation scolaire, Vincent Fortier-Martineau. L’association a tenu une journée de grève en solidarité aux syndicats le 30 septembre dernier.
Or, avec la signature de plusieurs conventions collectives par le Front commun et le retour à la table des négociations de la FAE, les associations étudiantes craignent de se retrouver bientôt à court d’alliés sur ces problématiques. « Il faut faire la distinction entre les enjeux des syndicats et ceux des étudiants ; ça ne peut pas toujours être les étudiants qui, comme en 2012, mènent le mouvement », nuance Vincent.
De son côté, l’Association des étudiants en enseignement au secondaire de l’UdeM (AÉÉSUM) se préoccupe de la précarité des emplois et du manque de personnel spécialisé pour assister les futurs enseignants. « Parmi les craintes, l’augmentation du nombre d’heures demandées aux enseignants sans augmentation de salaire, le nombre d’élèves par classe et le manque de prise en compte des élèves en trouble d’apprentissage sont des sujets récurrents », explique la présidente de l’AÉÉSUM et étudiante au baccalauréat en enseignement du français au secondaire, Marie Jutras.
Des revendications autonomes
Les associations étudiantes en enseignement mènent aussi leurs propres batailles sur des enjeux universitaires, comme la Campagne de revendications et d’actions interuniversitaires pour les étudiants d’éducation en stage. Ce mouvement s’oppose à l’absence de compensation financière pour les quatre stages obligatoires en enseignement.
« Nous n’avons malheureusement pas beaucoup de poids, mais nous appuyons le mouvement syndical, souligne Marie. On attend maintenant de voir ce qui sort des négociations. » L’AÉÉSUM a tenu des journées de grève les 30 septembre, 26 octobre et 9 décembre derniers. Les associations étudiantes continuent à inviter leurs membres à être solidaires avec les positions défendues par les syndicats. Des propositions de grève continueront aussi d’être débattues au cours de la session d’hiver.