Plongé dans ses recherches relatives à cet anniversaire, le professeur titulaire en études cinématographiques André Gaudreault livre son témoignage. « L’histoire du Département était à faire, reste encore à faire, et nous sommes en train de la faire, pense-t-il. Nous ne savions pas que c’était le 50e. On a eu un processus d’évaluation des programmes l’année dernière où il fallait trouver et marquer la date de création du Département. » C’est à ce moment-là que l’équipe s’est rendu compte que le Département fêtait son 50e anniversaire.
Originellement une discipline à l’intérieur du Département d’histoire, l’histoire de l’art, a pu s’en affranchir et devenir un département à part entière, notamment grâce aux efforts de son fondateur, Ludovic V. Randall. Ce dernier, un juif allemand, a fui l’Allemagne nazie pour s’installer à Montréal. « La première chose qu’on peut dire de M. Randall, c’est qu’il était quelqu’un d’original, commente M. Gaudreault. Il était d’abord banquier, puis il a enseigné l’histoire de l’art de nombreuses années, et c’est lui qui s’est battu pour établir un département. Il a dès le départ voulu inclure le cinéma dans les préoccupations ». Ce qui lui a valu les félicitations d’Erwin Panofsky, selon le professeur.
« Panofsky, si on peut choisir seulement un grand historien de l’art du xxe siècle, ce serait lui ! », s’enthousiasme la professeure en histoire de l’art Sarah Guérin. Erwin Panofsky a eu un grand impact dans son domaine par la publication de livres importants, portant sur l’iconologie, le fait de replacer les œuvres étudiées dans leur contexte social et historique. « Randall était déjà ami avec Panofsky à Hambourg, poursuit Mme Guérin. Randall le consultait pour avoir des noms d’autres professeurs qu’il pouvait embaucher pour construire le Département d’histoire de l’art à l’UdeM. Donc, tous nos premiers professeurs n’étaient identifiés par nul autre qu’Erwin Panofsky avant de venir enseigner ici ! »
Croissance exponentielle
Le Département a connu également des avancements significatifs au cours des cinq décennies, notamment sous la direction de Philippe Verdier, qui succéda à M. Randall. De discipline en quête d’acceptation, qui n’était encore enseignée nulle part, les études cinématographiques sont aujourd’hui devenues un domaine d’études faisant pleinement partie du paysage universitaire. « Dès 1966 on a fait un programme en études cinématographiques et c’est probablement le premier de la francophonie, raconte M. Gaudreault. Au début il n’y avait que des mineures, puis il y a eu des maîtrises, des baccalauréats et des majeures. Et depuis 2007, nous avons même un doctorat en études cinématographiques. Nous avons été les premiers au Canada à le proposer ». Il précise qu’à ses débuts, il y a 25 ans, les universités francophones en cinéma ne comptaient que deux ou trois professeurs, contre une quinzaine aujourd’hui.
La perception du cinéma a également changé avec l’arrivée de nouvelles technologies, particulièrement le numérique. « La distance entre les spectateurs et les films est beaucoup moins grande, relate M. Gaudreault. Les films sont vus sur toute une série d’appareils, qui servent aussi à visionner d’autres types de production audiovisuelle. Il y a un brouillage des frontières qui fait que nous, spécialistes de cinéma, nous pouvons nous demander si on ne devrait pas s’ouvrir aux autres médias audiovisuels. On commence à se sentir à l’étroit dans les études cinématographiques. »
Comme plusieurs étudiants interrogés, l’étudiant au baccalauréat en études cinématographiques Nicolas Romillard se dit surpris d’apprendre que le Département fête déjà ses 50 ans. « Je ne sais pas s’il y a des activités spéciales de prévues, ajoute-t-il. S’il y en a, on n’en a pas fait la publicité. » Plusieurs événements devraient être annoncés prochainement par le Département, dont une conférence de l’ancien directeur du Musée des beaux-arts de Montréal et de celui du Canada, Pierre Théberge, qui aura lieu mi-avril. D’autres événements devraient suivre à la rentrée d’automne 2016.