Pour s’assurer une bonne place dans une société élitiste et traditionnelle tournée vers l’innovation technologique et la mondialisation, il faut décrocher le « SKY ». Cet acronyme désigne les trois plus grandes universités du pays : l’Université nationale de Séoul (S), la Korea University (K) et l’Université Yonsei (Y). « Avec un diplôme d’une de ces universités sur votre CV, votre carrière est établie, estime le professeur à la Faculté des sciences de l’administration de l’Université Laval Dr Zhan Su. Le diplôme est très important, presque plus que la connaissance. »
Pour accéder à cette clé passe-partout, la compétition est forte. « Les enfants, dès qu’ils entrent à l’école, suivent des cours du soir dans des institutions spéciales, les hagwons, afin d’avoir une longueur d’avance et d’être mieux préparés aux rigueurs du système d’éducation », explique le chargé de cours au centre d’études de l’Asie de l’Est de l’UdeM Benoit Hardy-Chartrand.
La hiérarchie entre professeurs et étudiants est plus marquée ici. Le professeur est vraiment une figure d’autorité, notamment en raison de la culture et de l’importance du respect envers les aînés. » Tatyana Aby Buketi Étudiante au baccalauréat en études est-asiatiques et histoire de l’UdeM
Le respect des traditions
Le déroulement des études universitaires et le procédé de notation sont très semblables au système nord-américain, selon Dr Zhan Su. Des différences subsistent toutefois selon l’étudiante au baccalauréat en études est-asiatiques et histoire, Tatyana Aby Buketi, en échange à l’Université Yonsei à Séoul depuis septembre 2015. « La hiérarchie entre professeurs et étudiants est plus marquée ici, souligne-t-elle. Le professeur est vraiment une figure d’autorité, notamment en raison de la culture et de l’importance du respect envers les aînés. »
Malgré le respect des traditions, l’étudiante au baccalauréat en études est-asiatiques et histoire Mikaëlanne-Xian Boyer-Côté, actuellement en échange à l’Université Hankuk des études étrangères, remarque pour sa part une certaine souplesse. « Il n’est pas rare pour les étudiants d’aller manger ou boire avec leurs professeurs à la fin des cours », note-t-elle.
La pression que subissent les étudiants ne semble pas les empêcher de fraterniser, remarque l’étudiant au baccalauréat en mathématiques Rémi Campagnie, en échange à l’Université Yonsei pour les sessions d’automne 2015 et d’hiver 2016. « Il est facile de s’intégrer, à condition de faire partie d’un ou de plusieurs clubs, comme celui d’échecs ou de soccer », explique-t-il. Tatyana recommande quant à elle de faire le premier pas et d’aller à la rencontre des collègues coréens.
Une fausse idée
Au cours des 10 dernières années, les médias occidentaux ont rapporté à plusieurs reprises des cas de plagiat en Corée du Sud. Le dernier remonte à décembre 2015 et implique plus de 200 professeurs, principalement en science et en ingénierie. D’après le professeur Su, ces informations peuvent donner une vision erronée du système éducatif sud-coréen. « Ce message sans commentaire ni mise en contexte ne permet pas de comprendre le pays et donne une fausse idée, l’illusion d’un pays de tricheurs », déplore-t-il.
Si le pays pouvait afficher un certain retard dans le domaine de la lutte contre le plagiat il y a une vingtaine d’années, ce n’est plus le cas aujourd’hui. « À Yonsei, ils ne prennent pas le plagiat à la légère, s’exclame Tatyana. Si quelqu’un fait du plagiat, il risque de couler le cours, d’être suspendu et même d’être expulsé de l’université ! » Depuis 2005, de nombreuses mesures de contrôle, de sanction et de prévention ont été prises par le gouvernement et les universités.
Un peu déçu par les cours magistraux accordant une trop grande place au « par cœur », Rémi pense tout de même que son expérience à l’étranger est enrichissante. De leur côté, Mikaëlanne-Xian songe déjà à revenir en Corée après son échange, et Tatyana pense même s’y installer un jour.