Volume 23

Morgan s'intéresse aux enjeux de transition énergétique et d'accès à l'énergie dans les pays en développement. Crédit photo: Guillaume Villeneuve.

Au retour de la COP21

Durant 12 jours, 195 pays se sont réunis pour ce que de nombreux experts ont appelé « un accord de la dernière chance ». Morgan faisait partie de la délégation de l’Université de Sherbrooke, composée de huit étudiants sélectionnés pour la qualité de leur dossier.

Quartier Libre : Quel était ton rôle en tant qu’observateur accrédité ?

Morgan Rohel : On avait accès à toutes les conférences, aux plénières et à certaines des négociations, Il y avait vraiment un effort de transparence. J’assistais à énormément de conférences chaque jour. À titre d’observateurs accrédités, mes camarades et moi étions les yeux et les oreilles du Canada. Notre mission, c’était de développer une expertise et de rapporter cette vision de la COP au Canada. Nous avons pu écouter et échanger avec les plus grands experts mondiaux en environnement et en énergie sur des sujets variés. Normalement, ce sont des gens auxquels nous n’avons pas du tout accès, comme des ministres ou des directeurs d’agences internationales telles que le Programme des Nations Unies pour le développement*.

Q. L. : Y avait-il un point particulier que tu souhaitais voir soulever durant ces journées consacrées au climat ?

M. R. : J’ai déjà une maîtrise en génie civil et en urbanisme, alors j’ai spécifiquement suivi les conférences sur l’article sept de l’accord. Celui-ci concernait les transferts technologiques vers les pays en voie de développement. Il n’y a pas eu de problème autour de cet article-là, car il s’agit d’une question tellement technique que les personnalités politiques ne pouvaient pas l’accaparer. Ce sont principalement des technocrates qui ont négocié entre eux. C’est plus simple à ce moment-là, car ce sont des spécialistes de la question qui traitent le sujet.

Q. L.: Comment le gouvernement canadien a-t-il agi durant ce séjour à Paris ?

M. R. : Des efforts ont été fournis. Tous les jours, soit la négociatrice en chef en matière de changements climatiques pour le Canada, Louise Métivier, soit la ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, nous faisait un bilan des négociations et d’éventuels points de blocage. Cela nous donnait vraiment une vision interne des choses habituellement difficile à obtenir en tant qu’observateur.

Q. L. : Que penses-tu de l’accord qui a été conclu le 12 décembre entre les 195 délégations ?

M. R. : Je ne pensais pas que ça allait marcher, puis il y a eu le lundi 30 novembre, journée d’ouverture de la COP. Plusieurs chefs d’État y ont fait de grands discours. Ce fut un moment assez encourageant, et il y a eu une impulsion politique, donc on a pu y croire. Il y avait vraiment un dynamisme. L’accord est conçu pour que, tous les cinq ans, les pays redéfinissent leurs objectifs pour les rendre plus ambitieux. Il faut toujours faire plus.

* Le PNUD est l’un des principaux organismes de développement contribuant à éradiquer la pauvreté et à réduire les inégalités sociales et économiques.

Un accord historique?

Le professeur titulaire au Département de géologie de l’UdeM Michel A. Bouchard estime que l’aspect contraignant de l’accord n’est pas aussi rigide que présenté par le gouvernement français. « Tout est dans l’espoir de ce qui va se passer par la suite, car il n’y a absolument pas de contrainte pour forcer les pays à respecter leur cible de réduction de gaz à effet de serre, la seule contrainte est morale », assure-t-il.

Cependant, l’accord contient un aspect plus contraignant concernant la circulation de l’information. « La seule chose qui a été imposée, c’est la transparence : les pays ne pourront pas se cacher concernant leurs émissions de GES », indique le professeur. Selon lui, la grande réussite de cette entente concerne son universalité et sa façon plus appropriée d’aborder le problème.

 

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