Quand la fête touche à sa fin et que les bouteilles vides s’accumulent sur le comptoir, les petites mains de Rinascere s’activent. Les étudiants et futurs ingénieurs faisant partie de ce projet récupèrent les déchets à la fin des soirées étudiantes pour les transformer. Leurs créations sont ensuite vendues au cours d’événements sur le campus ou sur la page Facebook du projet. Rinascere a reçu deux bourses à la session d’hiver 2015 : 500 $ du Fonds d’appui aux initiatives étudiantes de Polytechnique Montréal et 3000 $ de l’Institut de l’environnement du développement durable et de l’économie circulaire. Cet argent et les bénéfices des ventes sont investis en matériel, comme des couteaux de précision et des ponceuses à verre.
La fondatrice de Rinascere et étudiante au baccalauréat en génie chimique, Carolina Yanes, explique sa démarche dans des classes et auprès d’étudiants qu’elle croise à l’UdeM. « Nous essayons de sensibiliser les étudiants à la réutilisation des bouteilles qu’ils achètent en soirée, explique-t-elle. On leur explique qu’au Québec une grande partie du verre n’est pas recyclée, mais qu’on peut agir à notre échelle en créant de nouveaux objets utiles. »
L’étudiante au baccalauréat en génie chimique Alice Paraiso est l’une des premières à avoir rejoint Rinascere à sa création en octobre 2014. « Rinascere montre qu’on peut faire du développement durable de façon simple et dans notre vie quotidienne, dit-elle. En tant que futurs ingénieurs, ces manières de faire autrement sont au cœur de nos préoccupations. »
Pour procéder à la transformation, les étudiants taillent le goulot des bouteilles de bière qui deviennent ainsi des salières. Leur culot est aussi recyclé en verres tendance. Les bouteilles de vin et de whisky, de leur côté, se transforment en lampes de chevet originales. Le prix oscille entre 5,50 $ pour quatre verres et 20 $ pour une lampe. « On ne se restreint pas à la réutilisation du verre, on utilise tous les déchets en général, précise Carolina. Dernièrement, une étudiante a suggéré de fabriquer des bougies dans des conserves de thon vides. Ce nouveau projet a été accueilli avec enthousiasme. »
Carolina a pu compter sur le soutien de la chargée de cours au Département de génie chimique de Polytechnique Montréal Douaa Hassan. « C’est un projet bénéfique sur le plan pédagogique, témoigne Mme Hassan. Cela permet aux étudiants de mettre en application des concepts théoriques qu’ils apprennent à l’école tout en s’initiant à la réalité du monde du travail. »
Les ambitions de Carolina doivent cependant s’adapter aux contraintes de la réalité. « C’est facile de motiver des bénévoles, mais plus compliqué de les inciter à s’investir sur la durée, ça demande du temps, de l’implication et des tâches parfois ingrates », observe-t-elle.
La jeune entrepreneure espère faire croître son projet et créer un jour une usine de production sur le campus. Début décembre, les étudiants vendront leurs créations à un kiosque de Noël à la cafétéria la Rotonde dans le pavillon principal de Polytechnique Montréal.