« J’ai ressenti le besoin de vulgariser mon travail pour que mon entourage comprenne enfin mon projet de doctorat qui me passionne depuis si longtemps, explique Carole Miéville. Et aussi pour rendre ces connaissances accessibles à tous : les parents, les cliniciens, les gestionnaires… ». L’étudiante a d’abord choisi de participer au concours de l’Acfas Ma thèse en 180 secondes, exercice visant à simplifier au plus possible sa recherche, avant de présenter au jury son texte sur la biomécanique de la marche et de l’équilibre chez des personnes ayant subi un AVC, qui lui a valu son prix.
Pour s’assurer que son texte reste captivant, Carole a choisi d’utiliser des images évocatrices. Par exemple, elle compare une personne handicapée à la suite d’un AVC à un piéton en bonne santé au moment de traverser une rue. Le lecteur, qui a probablement déjà ressenti l’envie d’atteindre rapidement le trottoir quand le feu est sur le point de passer au rouge, comprend mieux le sentiment d’impuissance d’une personne incapable d’accélérer à ce moment. Ce cas précis illustre bien la démarche de vulgarisation : traduire une idée générale en un cas concret pour la rendre plus accessible. « Les points forts de Carole sont sa volonté de présenter et diffuser ses résultats, en particulier aux cliniciens, pour qui les méthodes utilisées sont trop éloignées de leur réalité clinique et également son expérience de clinicienne pour se mettre à leur place », pense le professeur à l’École de réadaptation de l’UdeM et tuteur de la thèse de Carole, Cyril Duclos. Pour lui, la communication des résultats de recherche doit être simplifiée pour être comprise par les non-spécialistes et le public.
La science pour tous
« La vulgarisation n’est pas une matière dispensée au doctorat, souvent considérée comme une perte de temps puisque nous communiquons majoritairement entre scientifiques, pense l’étudiante au doctorat en biologie moléculaire Carine Monat. Des associations comme l’Acfas aident ceux qui le désirent à développer leurs habiletés pour rejoindre le public, mais idéalement, cela devrait faire partie de la trousse à outils obligatoires d’un doctorant. » Pour partager les fruits de la recherche québécoise et montrer l’utilité de la science au grand public, Carine et l’étudiant à la maîtrise en microbiologie et immunologie à l’UdeM Damien Grapton ont créé à l’automne dernier l’émission de vulgarisation scientifique L’œuf ou la poule sur les ondes de la radio CHOQ.
« De la bonne vulgarisation, c’est une information exacte, sans être “plate” », estime la journaliste scientifique ayant notamment écrit pour la revue Québec Science Catherine Dubé. Pour elle, en physiothérapie comme dans tous les domaines de la recherche, la vulgarisation permet aux citoyens d’accéder à la connaissance et de comprendre les grands enjeux sociétaux. « Des sujets comme le réchauffement climatique, l’exploration pétrolière ou la vaccination nécessitent d’être compris pour être débattus », estime-t-elle.
Encouragée par son prix, Carole Miéville explore les possibilités de continuer à faire de la vulgarisation scientifique en espérant que le monde de la recherche se mette à valoriser davantage cette discipline.